Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/09/2011

Patrick Amand : Gurs 10.39

110929 Patrick Amand livre.jpgNé en 1970 à Poitiers, Patrick Amand après des études de droit occupe différentes fonctions dans sa ville avant de devenir responsable de l’administration de la Médiathèque. Président de l’association « L’instant Polar », il publie ces jours-ci son second roman.

Un polar donc, avec Gregorio Valmy le privé, héros récurrent de Patrick Amand si j’ai bien compris. L’action se déroule dans la région de Poitiers et débute par une enquête banale sur les circonstances du décès d’un vieil homme, trouvé mort au pied de son châtaignier, tombé de son échelle très certainement, mais son fils a quelques doutes. Ce premier mort dans une région qui semble calme habituellement créé l’évènement, mais quand d’autres cadavres vont être retrouvés les uns après les autres, pendus dans divers endroits de la ville, l’affaire prend une ampleur majeure.

Gregorio Valmy prend désormais l’enquête au sérieux, fouinant à droite et à gauche, usant d’amitiés anciennes pour accéder à des dossiers administratifs et d’un « adjoint » peu regardant sur la légalité pour obtenir des informations cachées. De fil en aiguille, la piste remonte le temps et entre dans l’Histoire, celle de la guerre civile en Espagne, des Brigades Internationales et des camps d’internement en France durant cette époque trouble, de 1936 à 1944. Alors que la police recherche un serial killer, Valmy est sur la piste d’une vengeance qui trouve sa motivation dans le passé.

Patrick Amand a écrit un polar très français dans le style, pour ne pas dire carrément « franchouillard » et je pense qu’il doit le revendiquer, comme sa marque de fabrique. On peut y voir un hommage à Léo Malet (1909-1996) ou Frédéric Fajardie (1947-2008) peut-être, on peut aussi trouver cela un peu lourd parfois. Le privé qui picole beaucoup et mate le cul des serveuses, le commissaire Castelli et ses hommes, lourdauds et pas malins, « Ce gros con de Castelli », on connaît par cœur tous ces clichés qui sont aussi les repères basiques autant que classiques du polar bas de gamme.

L’enquête se traîne un peu, sans rebondissements spectaculaires mais par des avancées au bonheur la chance qui font dire à Valmy « Je ne sais pas si on va avoir du bol longtemps comme ça… ». Des digressions viennent épaissir le roman, comme les « exploits » sexuels de son compère ou une scène désopilante dans un collège avec un proviseur qui veut qu’un élève beur descende de l’arbre où il est perché et cherchant une réplique imparable annonce « … ils s’obtempèrent ! » qui se comprend aussi comme « zob ton père ! », d’où quiproquo. Pas très fin, mais drôle quand même. 

Néanmoins le volet historique est très instructif et mériterait qu’on s’y attarde par ailleurs, ce qui sauve ce roman de la médiocrité. Je pense que l’auteur devrait abandonner la veine de la  gaudriole qui est dépassée sous cette forme de nos jours, trouver un ton plus profond et continuer à écrire des polars avec un fond historique.

Le roman n’est donc pas mauvais, mais il n’est pas non plus inoubliable en l’état. Le côté positif, c’est que je suis certain que Patrick Amand peut faire mieux.

« A force de faire l’aller-retour entre Poitiers et Dissay, Gregorio Valmy avait eu l’occasion de se promener dans le bourg de la petite commune. Juste le temps de découvrir, plus que le château qui faisait la renommée de Dissay, les saucisses du boucher charcutier de la place Grand Cour, Stéphane Vincent. Après les avoir testées, il revenait dès qu’il le pouvait s’approvisionner en saucisses de bœuf à l’échalote, au piment d’Espelette, à la vigneronne… et autres saucisses de veau et de canard. Mais en ce mois d’août, les clients s’arrachaient la nouveauté de l’été : la Chipouillette. La Chipouillette, qui méritait une majuscule selon les dires du maître des lieux, n’était ni plus ni moins qu’une chipolata d’andouillette. Mais il fallait y penser. Preuve que le Génie français pouvait très bien s’exercer dans le domaine de la saucisse. Mais là, l’heure n’était pas à la bonne chère. »

 

110929 Patrick Amand.jpgPatrick Amand  Gurs 10.39  Editions du Caïman   (photo de l'auteur par Olivier Neuillé)