Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/07/2011

La madone au serpent

La journée s’annonçait sombre, la nuit bien qu’envolée n’avait pas laissé place au soleil, de nombreux nuages noirs obscurcissaient le ciel présageant le courroux des dieux. La nounou de Nono entrevoyait déjà le pire, aussi redoublait-elle d’efforts dans ses tâches pour ne pas s’attirer les foudres de sa maîtresse en sus de celles de Zeus.

Dès l’aube, les carrelages avaient été lavés à grande eau et le feu allumé dans la cheminée. Quand Nono avait geint une première fois, entortillé dans la peau de mouton de son lit, la nounou s’était empressée de le prendre dans ses bras pour le calmer. Bientôt il fut temps de préparer le repas du matin avant que le petit ne le réclame dans un vacarme de pleurs et de larmes qui aurait pour conséquence de réveiller sa mère et de la mettre d’une humeur massacrante pour toute la journée.

Une fois n’est pas coutume, tout s’était admirablement bien passé, Nono avait ingurgité son écuelle de soupe avec un beau morceau de pita et maintenant, après que sa nounou lui avait lavé la zigounette et le museau, il gambadait dans la pièce en silence, jouant à je ne sais quoi dans un coin sombre.

Quand madame fait son entrée, la nounou termine la vaisselle tandis que Nono se débat avec une ceinture de cuir qu’il a trouvée on ne sait où. La nounou savoure l’ordre qui règne et qui devrait satisfaire madame, quand le hurlement déchire le silence de l’instant.

« Quelle horreur ! Sauve toi bien vite Nono ! » S’emparant du gamin vivement et frappant le sol du pied, madame se débat avec une redoutable vipère, ce que la nounou avait confondu avec une ceinture. « Pauvre gourde ! Vous êtes incapable de surveiller mon fils ? Cette maison est une vraie porcherie. »

Nounou se triture les doigts d’angoisse, se repassant les évènements dans sa tête, comment ce serpent a-t-il pu s’introduire ici ? Elle croyait avoir pris toutes les précautions, pulvérisant du Baygon rouge et du Baygon vert, contre les insectes qui font bzzzz ! et ceux qui font crrrr ! Mais il est vrai qu’elle était en manque de répulsif pour les serpents. Elle n’avait pas fini d’en entendre parler mais déjà elle en prenait son parti avec sérénité car cet incident ennuyeux autant qu’imprévu avait un avantage, elle n’aurait pas à se décarcasser pour le repas de midi, le serpent étant venu pour ainsi dire de lui-même se jeter dans la marmite qui reposait dans l’âtre.  

 

La madone au serpent, caravage, nouvelles,  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Caravage Madone des Palefreniers dite aussi Madone au serpent (1605-1606) – Huile sur toile 292x211 cm – Rome, Galerie Borghèse