La gaule à la main

Hasard, concours de circonstance, signe du destin, appelez cela comme vous le voudrez, mes dernières lectures avaient toutes un point commun, important ou non pour l’intrigue, mais il était toujours fait mention de pêcheurs ou de parties de pêche. 

Une activité à laquelle je ne me suis jamais livré, ou bien il y a si longtemps et si peu de fois, que je n’en garde aucun souvenir. Et tout en écrivant ceci, il m’en revient un en mémoire. J’étais gamin et j’habitais chez mes grands-parents, une canne à pêche est rangée dans un placard oubliée à moins que la sortie n’ait été reportée. Je farfouille dans ce cagibi et retrouve la boite de vers blancs achetée en vue de notre partie de pêche, je l’ouvre pour vérifier l’état des appâts et une nuée de mouches s’en échappe ! Leçon de choses, quelques soient les conditions, la vie ne s’arrête jamais.

Tout cela pour dire que je me verrais bien la gaule à la main. Non pas le pêcheur somnolant au pied de son arbre, la canne dans l’attente vaine d’une prise égarée dans ces eaux. Mais plutôt pêcheur à la mouche. Rien que ça ! L’outil léger en main lesté d’une mouche amoureusement travaillée et calibrée pour leurrer une truite faro, le mouvement aérien du poignet, le moulinet judicieusement laisser libre de défiler le fil ; la rivière rapide et fraîche entre mes jambes, le bruit continu du flot, les cris des oiseaux, l’éclair coloré du vol d’un martin-pêcheur indigné de ma présence .

Le casse-croûte resté sur la berge, à l’ombre, les canettes au frais plongées dans le ruisseau n’attendant que mon bon vouloir. Aucun poisson n’a voulu de ma mouche, aucune truite n’a été dupe de la situation mais je ne suis même pas déçu. Seul comptait le plaisir de tremper mon fil et de laisser mon imagination courir.