Rituel de saison

Ce qui est réconfortant avec les rituels, c’est qu’ils vous confirment que les choses n’ont pas changées, qu’elles sont aujourd’hui telles qu’elles étaient hier. Ou l’an dernier en l’occurrence.

Par exemple, ce week-end, j’ai réinstallé un nichoir à oiseaux sur mon balcon en prévision des frimas à l’approche. Les arbres sont presque tous à poil autour de chez moi, leurs feuilles jonchent le sol, signe sans appel d’un automne bien avancé. Nichoir suspendu en lieu et place de la suspension fleurie qui m’accompagna toute la belle saison, chargé de graines de tournesol comme je sais friands mes petits invités.

Ca n’a pas trainé. Les mésanges qui avaient délaissé mon balcon durant tous les beaux mois de printemps et d’été et qu’à peine entrevoyais-je passant vite fait devant mes fenêtres de temps à autre, quelques heures à peine après la table mise pour le banquet, ont retrouvé le chemin de ma loggia. Déjà on joue des coudes ou des ailes et du bec pour un casse-croûte à l’œil.

De mon canapé je les suis des yeux et retrouve leurs techniques d’approche rusée. Elles se posent d’abord dans l’arbre tout proche, puis sur les hauts de fenêtres, enfin elles s’agrippent au nichoir, l’une après l’autre, et après de longs moments de réflexion et de torsions du cou à droite et à gauche, quand le trésor offert s’avère ne pas être un piège, elles se glissent dans l’habitacle et en ressortent, en une fraction seconde, une graine au bec qu’elles dégustent sur une branche dans l’arbre en face de ma fenêtre. Puis le manège reprend, jusqu’à plus faim.

Me voilà comblé avec ce spectacle vivant qui m’occupera tout l’hiver. Une pincée de graines, une poignée de mésanges, un rituel de saison bien huilé.