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05/06/2010

Le coup de chaud

La chaleur vient de nous tomber dessus sans qu'on ait réellement eu le temps de réaliser ce qui nous arrivait. Ce matin samedi, relativement tôt les gens étaient dans les rues. Quand j'ai ouvert mes volets, alors qu'à cette heure seuls quelques couples humain/chien ont l'habitude de déambuler, permettant à l'un des deux - je vous laisse deviner lequel - de faire ses besoins matinaux, aujourd'hui il y avait un début d'effervescence que j'ai fini par retrouver aux caisses de mon supermarché. Tout un chacun se hâtait de faire ses courses avant d'être happé par la chaleur qui lentement s'abattait sur la ville.

Les shorts, les tongs et les lunettes de soleil s'exhibaient sans retenue car de nos jours les caprices de la météo sont impénétrables et il faut se dépêcher de s'adapter à l'instant, canicule aujourd'hui verglas demain, nul ne s'étonne plus de rien. J'en étais là de mes réflexions tandis que de mon armoire je ressortais une tenue estivale appropriée quand me sont revenues en mémoire ces images des étés de mon enfance.

Des instantanés ridicules aujourd'hui mais caractéristiques et représentatifs des années cinquante. Instants vécus et vus, photos en noir et blanc aperçues dans des magazines ou des livres, tout se mélange dans ma mémoire. Il fait très chaud, des familles pique-niquent au bord d'une route en attendant la caravane du Tour de France, à moins que ce ne soit nous, mes parents et ma sœur, dans un pré à l'ombre des arbres. Les femmes ont des robes légères en tissu imprimé dont les bretelles ont du mal à tenir sur les épaules, les hommes sont en tricot de corps - en marcel - les bras blancs exposés aux rayons du soleil. Certains ont le biceps avantageux, d'autres maigrichons. Les dames arborent des chapeaux de paille peut-être, les vieux des bérets car les vieux ont toujours un béret à un moment ou un autre, les hommes eux, utilisent leur mouchoir, singés par leurs gamins qui font tout comme papa. C'est l'époque des larges mouchoirs en tissu qu'on déplie pour se torcher le tarbouif avant d'y remballer le contenu dans un habile pliage et de ranger le tout au fond des profondes poches des pantalons dont on ne mégottait pas sur la quantité de toile nécessaire à leur confection. Donc disais-je, les hommes utilisent leur mouchoir pour se protéger des ardeurs de l'astre, on fait un nœud à chacun des coins du tire-jus, la taille du nœud permettant de régler l'ajustement, et on place la coiffe rudimentaire sur sa tête. Je ne suis pas certain aujourd'hui que la protection fût efficace mais elle avait ses partisans, comme une mode, dans une certaine catégorie de population. Ces hommes en marcel, le crâne coiffé de leur mouchoir, voilà les images que j'associe toujours aux jours de grande chaleur.