05/03/2013
To Be Or Not To Be film d’Ernst Lubitsch
Quelle bonne idée, mon cinéma local fait partie de ceux qui adhèrent actuellement à l’opération projection de vieux films restaurés ! Des films que j’ai vu maintes fois pour certains, mais toujours à la télévision ; pouvoir les regarder enfin sur un grand écran leur redonne une seconde jeunesse. Cette semaine c’est le fameux To Be Or Not To Be, connu aussi sous le titre français de Jeux dangereux, un grand classique d’Ernst Lubitsch qui est l’affiche.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, entre Londres et Varsovie, une troupe de comédiens parvient à déjouer un plan de la Gestapo. Une troupe de théâtre polonaise répète laborieusement une pièce mettant en scène Hitler, alors que dans la réalité les troupes allemandes envahissent la Pologne. Le théâtre et ses acteurs se retrouvent au chômage. Un jeune pilote de bombardier (Robert Stack) réfugié à Londres est amoureux de l'actrice principale Maria Tura (Carole Lombard), elle-même en couple avec l’autre tête d’affiche Joseph Tura (Jack Benny). En essayant de la contacter depuis Londres, il découvre une opération d'espionnage visant le démantèlement de la résistance polonaise. Il est parachuté à Varsovie pour tenter de court-circuiter l'opération. Il retrouve Maria et la troupe, qui vont devoir mettre à profit leur talent pour sauver la Résistance. Profitant des costumes de SS et d'un sosie d'Hitler, ils vont abuser la Gestapo et sauver leur peau.
Si le fond ne l’est pas, la forme est très drôle car le réalisateur adopte très nettement le ton de la comédie. Entre les quiproquos et des dialogues ciselés plein d’humour, Joseph Tura qui joue plusieurs rôles pour duper l’ennemi dont la célèbre scène avec la fausse barbichette, des scènes à double sens, un sosie d’Hitler et un véritable officier Allemand roulant des yeux et lourd comme le veut la tradition comique, le spectateur jubile de plaisir en permanence. On rit comme au vaudeville et ce n’est pas le moindre mérite du réalisateur que d’avoir osé transposer une situation de guerre (alors en cours en Europe) en un spectacle comique n’offensant pas les victimes.
Au problème opposant les Résistants aux Allemands, s’ajoute une relation de jalousie entre les époux Tura qui poussera Joseph, acteur grandiloquent et imbu de lui-même, à compliquer des situations qui l’étaient déjà bien comme cela. Le ridicule de la jalousie amoureuse alors que des vies humaines sont en jeu au même moment, créé un effet comique irrésistible. On appréciera entre autre, le running gag qui donne son titre au film, quand chaque soir Joseph Tura entre en scène pour déclamer la fameuse tirade d’Hamlet, un homme (Robert Stack) se lève et quitte la salle sous l’œil accablé de l’acteur, pour rejoindre Maria Tura en coulisses…
Sorti en mars 1942 aux Etats-Unis, le film ne sortira évidemment en France qu’en 1947, il était destiné à ridiculiser Hitler et les nazis, un peu comme Charlie Chaplin l’avait fait dans Le Dictateur en 1940.
Une anecdote prophétique comme on les aime, Carole Lombard trouva la mort peu après la fin du tournage dans un accident aérien. Une des dernières scènes qu'elle a tournées se situe dans ce film, dans une carlingue d'avion. La phrase qu'elle prononce à ce moment (« Que peut-il arriver en avion ? ») fut supprimée juste avant que le film ne sorte.
Jack Benny était l'acteur préféré d'un certain Alfred Hawthorn Hill qui plus tard, devenu humoriste, changea de prénom pour lui rendre hommage en devenant Benny Hill. Quant à Robert Stack, il fut – pour ma génération – l’inoubliable Eliot Ness patron des Incorruptibles, feuilleton diffusé par la télévision française en 1964.
To Be Or Not To Be film d’Ernst Lubitsch – Durée : 1h30 – avec : Carole Lombard – Jack Benny – Robert Stack -
07:00 Publié dans Films | Tags : cinéma, robert stack | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |