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24/04/2009

Au cœur de mes livres

Quand je lis j'aime bien mettre des repères dans mes livres. Au crayon à papier je souligne des passages, je fais des accolades. Il peut s'agir d'idées fortes avec lesquelles je suis en accord ou bien en désaccord, ainsi quand j'ai terminé l'ouvrage la relecture des passages soulignés constitue comme un résumé succinct et pratique. Ou bien je souligne des mots dont le sens m'est inconnu, des termes rares, comme souvent par exemple dans les romans de Umberto Eco. S'ils bloquent ma compréhension du passage lu j'en recherche la signification immédiatement dans mes dictionnaires, mais si j'en devine le sens ou si je suis dans les transports en commun, je diffère mes recherches. Ce qui est particulièrement amusant je trouve, c'est quand j'ouvre un ouvrage lu depuis plusieurs années et que je tombe sur ces annotations. Parfois je me demande ce que j'avais pu trouver de remarquable à tel passage à cette époque et je mesure l'effet du temps qui s'écoule, mes connaissances se sont enrichies ou mes idées ont évoluées, ce qui me semblait important il y a dix ans ne l'est plus aujourd'hui, ce que je pensais crédible alors ne l'est plus de nos jours.

Je souligne uniquement, je n'inscris jamais de réflexions ou de commentaires. Ces signes font d'un livre, mon livre. L'objet m'appartient définitivement, il m'est personnel et à mes yeux s'enrichissant a plus de valeur. De temps en temps j'insère dans mes livres des coupures de journaux ; une critique de l'ouvrage que je trouve bien tournée, un article découpé dans la presse qui va venir compléter la thèse du bouquin, une notice nécrologique de l'auteur qui vient de disparaître. Là aussi, bien plus tard, quand je tombe sur ces feuillets jaunis par le temps, je me souviens qu'à l'époque je lisais tel journal, ou bien que celui-ci aujourd'hui n'existe plus. Toujours mon côté archiviste.

Quand au plaisir de lire on ajoute cette marotte, le nec plus ultra, c'est d'acquérir un bouquin d'occasion dans une brocante et de tomber sur les annotations faites par un autre, car alors l'imagination peut s'en donner à cœur joie. Si des réflexions sont notées dans les marges, la qualité de l'écriture, la profondeur de l'analyse sont autant de pistes vaines mais qui incitent à en deviner l'auteur.      

« Je me félicite toujours plus du hasard qui nous a portés à aimer la lecture... C'est un magasin de bonheur toujours sûr et que les hommes ne peuvent nous ravir. »  Stendhal