Ah ! Le beau dimanche

Ah ! Le beau dimanche. Toute cette neige tombée sur la région parisienne, ce fut un régal. Du blanc, du blanc, du blanc partout, immaculé.

Nous n’avons pu retenir notre envie, ma douce et moi, d’aller gambader sur ce tapis ouaté. La neige tombée en couche épaisse et poudreuse, laissait le pied prendre ses marques moelleuses et la marche devenait une promenade aérienne sur cette moquette naturelle.

Nulle voiture ou presque dans les rues de la ville, peu de piétons non plus, chaussées et trottoirs vierges de toutes traces déplaisantes à la vue, l’endroit connu était devenu en une nuit, terra incognita, terrain digne d’explorations. Le silence ambiant renforçant la sensation d’étrangeté de l’instant. 

Ce coton partout, sur les toits, les arbres, réfléchissait la lumière et semblait purifier l’atmosphère ; l’air vif donnait à Marly ce petit je ne sais quoi qu’on ne trouve qu’à la montagne.

Nos pas s’imprimant dans la neige, comme les cailloux du Petit Poucet, nous reliaient visiblement à notre logis. Les flocons tombaient doucement, voletant de-ci de-là, s’accrochant à nos bonnets de laine, s’amassant sur nos épaules. Ravis par ce désert de la ville devenue, nous nous sommes octroyé le milieu de la chaussée pour circuler à notre aise, en propriétaires.

Il fallait en profiter au plus vite, le dimanche ne dure que ce que dure une journée comme les autres, demain lundi la vie reprendrait ses droits. Tant bien que mal les automobiles et les bus tenteront de reprendre leur place dans le paysage urbain, les travailleurs et les autres leurs occupations habituelles et les gamins le chemin de l’école. Toute cette agitation estompera la magie de la journée blanche.

Alors viendra le temps de la gadoue, la gadoue, la gadoue…