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22/03/2008

Les passages

La dernière fois que j’ai évoqué le Paris de mon enfance, je m’étais attardé sur La Maison de Famille la célèbre confiserie de la rue du Faubourg Poissonnière. En empruntant à quelques mètres à côté l’entrée du Passage Verdeau nous continuons notre promenade dans le Paris ancien. Les passages, ces galeries couvertes qui traversent des pâtés d’immeubles, datent du début du XIX siècle et sont presque tous situés aux abords des Grands Boulevards. Eclairés par des verrières qui diffusent une lumière plus ou moins tamisée, les passages permettaient aux Parisiens de faire leurs courses à l’abri de la pluie, dans les différentes boutiques qui s’y étaient installées. Vers 1850 il y avait pas moins de 150 passages dans la capitale. Depuis cette date ils sont nombreux à avoir disparu, tel récemment le Passage du Havre près de la gare Saint-Lazare où s’est installée une FNAC il y a quelques années à peine. Nous avons donc traversé le Passage Verdeau et dans la continuité pris le Passage Jouffroy plus riche en commerces, une remarquable librairie entièrement consacrée au cinéma, où vous trouverez des raretés, ainsi que des DVD ou des photos de tournage, une bonne adresse pour les cinéphiles. Après avoir gravi quelques marches, à gauche, incongrue, l’entrée du minuscule l’hôtel Chopin pour un séjour romantique alors qu’à droite La Boîte A Joujoux, marchand de jouets est toujours là. Quand j’étais gamin, devant la porte se tenait un bouledogue articulé et quand on tirait sur sa chaîne, il ouvrait la gueule en poussant un aboiement rauque et gras qui m’impressionnait beaucoup. Depuis le temps, la pauvre bête doit être crevée, la mâchoire démantibulée par les hordes de mômes qui l’ont fait hurler. Dans ce même passage, plusieurs issues de secours du Musée Grévin dont l’entrée n’est pas loin, sur le boulevard Montmartre. Arrêt obligatoire devant la vitrine de la Tour des Délices, une pâtisserie dont les milles tentations me font sortir les yeux de la tête. Un court instant je me retrouve à l’air libre, le temps de traverser le boulevard pour enfiler le Passage des Panoramas. Ici on fait dans la carte postale ancienne ou régionale, les timbres pittoresques et les cachets rares. Quand j’émerge du passage, le quartier de la Bourse est à deux pas et je me dirige vers la Galerie Vivienne , certainement l’un des plus beaux passages parisiens. Beaucoup plus lumineux avec ses hauts plafonds et ses larges verrières qui diffuse la lumière a giorno. Les murs sont sculptés, des corniches courent au-dessus de nos têtes, alors que le sol est une mosaïque très bien entretenue. Les boutiques de luxe se succèdent et se vantent de leur ancienneté, Wolf & Descourtis vendent des tissus depuis 1875 alors que la Maison Legrand propose ses vins depuis 1880. Chez A Priori Thé vous pouvez prendre un brunch en terrasse, sous la verrière. Je ressors par l’étroite rue des Petits Champs et me faufile dans le Passage des Pavillons, minuscule et sans commerce notable, avant de descendre l’escalier qui donne dans la rue de Montpensier, c'est-à-dire derrière les jardins du Palais-Royal. Je rentre sous les arcades où ne paradent plus les Merveilleux et les Merveilleuses, et déambule devant les boutique vieillôtes qui vendent des médailles militaires, ou des tableaux passés. Ca sent la nostalgie et avec la fraîcheur des courants d’air, je m’éloigne hâtivement, préférant traverser les jardins où les pigeons disputent la moindre miette aux friquets. Les colonnes de Buren sont toujours là, presque ignorées désormais et c’est la place du Palais-Royal avec sa bouche de métro hallucinante, décorée dans un style oscillant entre du Walt Disney et un rêve hallucinogène.