A notre santé !

Une amitié de près de quarante ans née sur les bancs du lycée, ça créé des liens indéfectibles. Alors quand nous avons l’occasion de nous retrouver, une ou deux fois par an sans plus, les conversations reprennent comme si elles ne s’étaient pas interrompues et la magie des retrouvailles de sa petite bande, sa tribu comme ils disent dans Elle, opère immédiatement. C’était le cas samedi soir quand mes « vieux » potes Alain, Gilles et leurs tendres moitiés se sont assis à notre table. Les anecdotes des uns, les nouvelles des enfants des autres, les projets de vacances de tous, quelques souvenirs ranimés discrètement pour le plaisir d’évoquer durant quelques minutes – mais sans s’y appesantir - le « bon temps », et toujours la bonne humeur et les rires entretenus par la bonne chaire et les vins qui ne manquent jamais d’accompagner ces heures de plaisir. L’après-midi même, j’avais retrouvé une vieille photo des années 70 où nous nous entassons tous sous une tente, ce genre de photo de vacances sans intérêt artistique ni culturel, si ce n’est de nous rappeler douloureusement que les décennies ne nous ont pas ménagés physiquement parlant. J’ai souri en revoyant ce cliché jauni et je l’ai remisé vite fait au fond de sa boîte tout en haut du placard. Etait-ce vraiment nous ? Les fluets s’étaient enrobés, le grassouillet avait fondu ; il y a un abîme entre l’être et l’avoir été, par contre nos personnalités n’avaient pas changé, l’expérience et les épreuves –heureuses ou douloureuses- nous avaient fait évoluer à l’identique et en parallèle, ce qui expliquait qu’après toutes ces années nous restions unis comme les fameux mousquetaires. Notre amitié méritait bien ces quelques lignes et cette photo, gravées dans le cyberspace pour l’éternité.