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31/03/2009

La presse rock

Ma passion ancienne pour la musique s'est construite sur les conseils éclairés de camarades de lycée qui m'indiquaient les bons disques à acheter, sur les concerts que nous allions voir, sur les interconnexions entre groupes et artistes qui engendraient de nouvelles pistes sonores ( !) à explorer et bien naturellement par la lecture de la presse spécialisée qui se mit à fleurir comme muguet en mai.

A la grande époque, disons pour simplifier, la décade 1967/1980, j'épluchais tous les journaux et revues musicales que je pouvais me procurer, qu'elles soient en français ou en anglais. Mon sens de l'archivage, ma manie de classer se retrouvait là aussi, puisque pour les Beatles et les Rolling Stones, mes groupes fétiches, je découpais leurs photos ou articles dans ces journaux et je les collais dans de grands cahiers à spirales que j'ai toujours conservés d'ailleurs. C'est aussi à cette presse que je dois aujourd'hui de pouvoir balbutier quelques peu la langue de Shakespeare. J'ai donc débuté par lire SLC « Salut les Copains » aux riches photos colorées m'ouvrant les portes de Carnaby Street et de ce qui me semblait allier les pires extravagances avec la promesse d'un monde fait de couleurs et d'excentricités souriantes, loin de l'univers franchouillard et gris de mon quotidien. C'était le temps des yéyés ! Ayant mis le doigt dans l'engrenage, j'ai du acheter tout ce que la presse française a pu nous offrir. Certains journaux qui ne duraient qu'un temps, d'autres qui me lassèrent après deux numéros. Je ne vais pas lister ici tous ces titres éphémères ou pérennes, seulement évoquer quelques noms (sans respecter la chronologie historique) qui me reviennent à l'esprit et qui raviveront peut-être pour certains d'entre vous, de bons souvenirs. Pop Music sortait tous les mercredis je crois me rappeler alors qu'Extra était mensuel.

Côté presse anglaise, la bible hebdomadaire du rock, c'était le Melody Maker auquel vint s'adjoindre le New Musical Express. Tout ce que nous y lisions ne prêtait jamais à discussion, là étaient les références ultimes. Toutes les informations sur les groupes qui splittaient avant de se reformer avec d'autres membres, les artistes émergents, les filiations putatives, le guitariste de tel groupe qui partait fonder son propre combo, les super groupes où se retrouvaient les cadors évadés de formations trop faibles pour qu'ils y expriment leur talent, les références des disques qui ne sortiraient jamais en France et qu'il faudrait dénicher dans les boutiques spécialisées dont nous nous refilions les adresses tels des conspirateurs, les échos de répétitions annonciatrices de nouveaux disques qu'il faudrait évidemment aussi acheter, tout cela se trouvait dans ces hebdos anglicisés. Pour faire bonne mesure, quelques magazines américains ne déparaient pas dans l'élaboration de ma culture musicale, Rolling Stone ou Creem quand on arrivait à le dénicher dans certains drugstores (tout une époque à jamais disparue) ou kiosques du côté de l'Etoile. J'en oublie et j'en laisse de côté comme promis (Rock en Stock ou plus tard Feeling au charmant format de poche et même les Inrockuptibles  pour quelques numéros seulement car pas assez dans ma ligne musicale, Juke Box Magazine etc.) mais je dois m'arrêter sur Best et Rock'n Folk.

L'un comme l'autre sont les passages obligés de tout amateur de rock en France et c'est dans ces magazines mensuels que sont passées les plus grandes plumes du genre, les Philippe Paringaux, Philippe Garnier, Bruno Blum, Yves Adrien, Patrick Eudeline, Philippe Manœuvre etc. là encore j'arrête la liste. Le mensuel Best n'existe plus depuis pas mal d'années maintenant, fin du XX siècle, et je l'ai lu du premier au dernier numéro pendant plusieurs dizaines d'années, archivant les numéros tant bien que mal. Rock Folk.jpgQuant à Rock'n Folk il perdure encore depuis 1966 et je continue chaque mois à l'acheter chez mon libraire dans un geste militant, par fidélité à l'esprit rock depuis quarante ans maintenant, m'imaginant que le jour où je n'aimerai plus cette musique mes jours seront comptés. La revue a traversé toutes les époques, rock blues à la Stones, glamour avec Bowie, punk avec les Clash, etc. Aujourd'hui sa lecture est torchée rapidement, les nouveaux groupes ne me branchent guère et sont devenus le fond de commerce du journal qui doit vivre avec son temps. De temps en temps une chronique d'album, une interview d'artiste ancien et les photos jointes (gros bides et/ou calvitie) qui mettent à mal mon souvenir de la star sexy du rock 'n roll, un article cultivé et passéiste d'Eudeline me rappelle ma jeunesse. Crossroads.jpgDepuis 8 ans un « nouveau » canard a ravivé mon goût pour cette musique, c'est Crossroads qui s'est lancé dans le créneau des musiques que j'aime, le blues, le rock, le Southern Rock et je trouve dans ces pages mensuelles, l'eau pour mon moulin, le carburant qui me donne l'énergie pour continuer. Les chroniques de disques sont particulièrement intéressantes et arrivent à soulever mon enthousiasme. J'y recopie les références des CD que j'irai acheter en de ruineuses descentes chez Virgin.

Tant qu'il y aura des types comme ces journalistes qui écrivent dans ces canards, il y aura des types comme moi pour les lire. Quand certains mois, le numéro est particulièrement fourni en articles intéressants et qu'auprès de ma platine une pile de CD de qualité attend mon bon vouloir, je crois encore que j'ai seize ans et que la belle vie va durer toujours.            

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