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26/09/2009

La fête du cochon

Deux fois l'an, au printemps et à l'automne, Chatou (78) accueille la « Foire à la ferraille et au jambon ». Quand le temps est clément j'aime assez y traîner mes guêtres. Dès mon arrivée en fin de matinée, des odeurs quasi aphrodisiaques me chatouillent les narines ; les premières saucisses et andouillettes mollement étalées sur les grills fumant me font saliver, les jarrets dodus sur les broches, suent et luisent grassement. Nous nous reluquons mine de rien mais il est encore un peu tôt pour ce genre d'aventure.

Commençons par la ferraille, les stands des brocanteurs et antiquaires sont à chaque fois disposés de la même manière, jamais de surprise chacun est toujours à la même place. Il y en a pour tous les goûts, dentelles, livres, vaisselle, meubles, tableaux, tout se vend. Des atrocités, objets cassés et bibelots ringards, de rares jolies choses, meubles patinés ou bijoux, ainsi que des vieilleries qui me rappellent une autre époque. J'aime ces vieux ours en peluche, usés jusqu'à la trame, rescapés de batailles épiques. J'aime ces fiches de carton imprimées de numéros pour jouer au loto, j'aime ces jouets anciens, voitures ou wagons de trains aux couleurs délavées. Jaime aussi ces objets jadis courants, fers à repasser en fonte, vieux outils de métiers disparus, ainsi que ces boites en métal, bocaux en verre, paniers en osier, toutes ces choses habitant les cuisines d'autrefois. A fureter dans les stands des brocs j'ai l'impression de m'immerger dans une photo de Doisneau, les objets y perdent leurs couleurs et tendent vers le noir et blanc pour se mettre au diapason de mon fantasme.

Pourtant dans cette masse de vieilleries, souvent vendue au prix de l'or, peu de choses réellement tentantes ; ici tout est assez convenu, jamais je n'hésite un instant me disant « Tiens, c'est marrant ce truc, je l'achèterais bien ». A chaque visite je viens le cœur léger car je sais que je ne dépenserai pas mon argent sur un coup de cœur regretté quelques semaines plus tard.

En fait je ne viens pas à Chatou pour la ferraille, je viens pour le cochon. Ah ! La bonne bête que cette bête là ! Quand enfin vient l'heure de s'y intéresser je n'ai pas longtemps à chercher l'allée dédiée au commerce cochon, tout comme à Amsterdam on trouve toujours facilement le quartier Rouge. L'écailleur d'huîtres rempli ses plateaux et me hèle, le marchand de kebabs m'apostrophe, la vendeuses de gâteaux bretons m'interroge du regard, le pinardier verre à la main m'invite à m'attarder, un gros auvergnat étale ses fromages et charcutailles à la vue de tous, je passe mon chemin sans céder à la tentation et j'accède au saint des saints, l'auberge de plein air où jarrets cuits à la broche et jambons grillés m'ont déjà conquis par leurs phéromones depuis mon arrivée. Je cède sans résistance aucune, victime consentante du corps à corps qui va suivre et dont je vous épargnerai les détails graisseux. Disons sans fausse modestie que j'en suis sorti vainqueur et comblé, ne laissant dans l'assiette qu'un gros os et des barres de gras mou. Houps !          

 

       

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