08/04/2010
La danse du ventre
« Exposition. Danse du ventre. C'est obscène, d'abord, puis ça devient très bien. Une belle fille, grave, les seins et le ventre roulant sous une étoffe légère et rose, semble la déesse des confitures. L'étoffe se creuse au nombril. On sent que c'est un art et qu'aux yeux de tous ces hommes, accroupis et fascinés, il y a les danseuses médiocres, et les divines.
Les jets du ventre en avant ne sont que lubriques, mais le roulis des fesses, des hanches, des seins, des épaules, et le petit va-et-vient de la tête, c'est très bien.
L'une d'elle, tout en dansant, s'assied sur une bouteille qu'elle couve de ses jupes, se relève avec la bouteille, où ça ? dans le derrière, sans doute, continue de danser, s'accroupit encore et repose la bouteille. Puis, couchée sur une table, elle met quatre ou cinq verres sur son ventre et les fait, par simple roulis, s'entrechoquer rythmiquement. » Ainsi s'exprime Jules Renard dans son Journal à la date du 6 juin 1900 alors qu'il revient d'une visite à l'Exposition Universelle de Paris.
La danse du ventre, terme communément utilisé à tort, représente en fait une infime variante de la « danse orientale » qui englobe de nombreuses danses folkloriques ou locales comme les danses berbères du Maroc ou tsiganes des Balkans. Ce sont les soldats de Bonaparte lors de la campagne d'Egypte qui découvrent cette danse et la font connaitre en France, mais elle ne s'y développera qu'à partir des années 1930 dans les cabarets. Les déhanchements lascifs du bas ventre, les chairs nues et le côté sensuel évident de cette danse - on imagine facilement les hurlements de l'Eglise de cette époque - induisent une arrière pensée diabolique ou perverse ce qui amènent les soldats à l'assimiler peu ou prou à une sorte de prostitution. Une erreur d'appréciation fondamentale puisqu'il s'agit en réalité d'un art « qui se caractérise par la dissociation des parties du corps qui peuvent bouger indépendamment l'une de l'autre, que les rythmes soient saccadés ou lents et fluides. »
Je vous laisse vous exercer, mais ne prenez pas cet acte à la légère, la danse va solliciter souplesse du buste, des épaules, des bras, du bassin et du bas ventre ; vous tonifier les cuisses et assouplir les articulations, sans oublier de développer vos abdominaux et prendre soin de votre dos.
18:02 Publié dans Echos du monde | Tags : danse du ventre, jules renard | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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