13/05/2010
Le couteau dans la plaie
« Nous sommes tous résignés à la mort, c'est à la vie que nous n'arrivons pas à nous résigner » Graham Green.
Le seul intérêt de vivre, pourquoi le cacher, c'est d'oublier qu'on vit justement. Et voilà ! D'emblée la phrase qui tue et maintenant vas-y Léon, démerde toi pour expliquer ça.
En fait, c'est assez simple à observer. Il suffit d'étudier le caractère des gens qu'on fréquente ou que l'on croise dans la vie. Tout le monde « joue » un rôle, la vie est un théâtre, comme disait l'autre dont le nom m'échappe.
Chacun possède au moins deux personnalités. Celle qu'il offre à son entourage, ses collègues de travail, son épicier ou sa concierge et l'autre, la « vraie », qui transparaît parfois au détour d'une remarque ou d'une réflexion, d'une émotion ou d'un propos irréfléchi.
Il suffit de faire l'expérience avec quelqu'un que l'on connaît bien, si bien connaître une personne signifie quelque chose, on s'aperçoit que dans certaines circonstances ou certaines conversations, l'acteur qui est en nous perd les pédales. Il ne sait plus son rôle, il est à côté de la plaque.
C'est assez caractéristique du hâbleur, ce genre de type qui la ramène sans arrêt, ayant un avis sur tout, exagérant le moindre de ses faits et gestes. Il parade, épate la galerie par son aplomb et son culot, accumule les bons points ; jusqu'au jour où il va trop loin. Son texte n'étant plus crédible, l'acteur devient minable. Son image de marque en prend un coup.
Mais pourquoi chercher à se forger une image de marque ? Notre personnalité propre n'est-elle pas assez « vendable » qu'il faille la dissimuler derrière une autre, plus satisfaisante pour notre ego. En fait, chacun cherche à se donner le beau rôle et s'imagine qu'il vit une existence extraordinaire. Puisque la vie est chiante en elle-même, hé ! bien, on va s'en faire une à nos mesures. Un peu comme les pubs pour les papiers peints ou pour les jeans, changez de style de vie ! Quelle farce.
Personne n'accepte la vie telle qu'elle est et veut y échapper. Alors on se lance dans une passion quelconque. Que ce soit pour le cinéma ou la musique, cela permet de gommer la réalité quotidienne et de refaire le monde à son idée.
Le frimeur, le mythomane, le vantard, le bavard etc... procèdent du même raisonnement. S'étourdir soi-même, se soûler de « mirages », sont les seuls moyens d'éviter la grisaille de tous les jours, la monotonie de l'existence.
Certains prônent les vertus du travail ou de la religion. C'est pareil. Bien sûr, ainsi vous vous meublez l'esprit, vous évitez de penser au « pourquoi vivre ?». Les curés, les profs ou les éducateurs vous refilent leurs « trucs » pour échapper au malaise existentiel. Ce sont les pitons où s'agripper pour atteindre le haut de la paroi. Ils vous aident sûrement (peut-être) dans l'ascension, mais ils n'éliminent pas le vide que vous sentez dans votre dos.
Le travail, la famille, la patrie, tiens petit, voilà trois pitons, cramponne-toi bien, tu as soixante ans pour escalader ta montagne. Et n'oublie pas mon petit gars, ne pense qu'à tes pitons, à rien d'autre. C'est le secret pour arriver au bout de ta vie. Crois-en les conseils d'un vieux. Pauvre con ! Le plus dur n'est pas de franchir la ligne d'arrivée, mais d'avoir tenu jusque là.
13:47 Publié dans Aphorisme, Nouvelles | Tags : le sens de la vie, travail, famille, patrie, graham green | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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