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05/09/2010

Le parlement, troué de soleil dans le brouillard

L’aube ne tarderait plus à se lever maintenant, la nuit avait été glaciale et humide à cause de ce satané brouillard qui noyait la ville dans une brouillasse cotonneuse qui en estompait les bruits. Une ombre silencieuse arpentait le pavé humide d’un pas élastique et leste, emmitouflé dans son Macfarlane, un chapeau rabattu sur le front, l’homme se dirigeait sans hésitation aucune. Le quartier lui était certainement familier, pourtant son maintient, sa canne et son sac en cuir dont on devinait la bonne qualité dépareillaient au milieu de ces taudis aux caniveaux jonchés d’immondices puants dès qu’un rai de soleil viendrait les réchauffer.

L’homme ne se pressait pas mais marchait rapidement, sûr de lui et nullement inquiet, ce qui n’aurait pas manqué d’attirer l’attention du moindre quidam traînant près de ces bouges et taudis endormis à cette heure de la nuit, s’il s’en fût trouvé un et que le fog n’avait été aussi épais. Notre étrange personnage n’avait effectivement aucune raison de s’inquiéter, il était de taille à affronter tous les dangers, il le savait fort bien et sa témérité une fois de plus ce soir ne l’avait pas trahi.

Déjà il quittait le quartier de Whitechapel et atteignait Mansell Street où l’attendait placidement son cocher, immobile sous sa couverture, invisible ou presque dans cette voiture noire attelée à un cheval tout aussi sombre. L’homme entra dans le cabriolet sans un mot, le cheval s’élança dans un claquement de sabots qui résonnèrent sur les pavés luisants, le cocher connaissait les goûts de son maître, il rejoindrait d’abord les bords de la Tamise, Big Ben sonnait les premières heures du petit matin, longerait les imposants bâtiments des institutions vénérables, puis la remontée vers Saint-James Park et les quartiers huppés de la capitale anglaise.

Calé contre les coussins moelleux de la voiture, notre homme sans nom réprimait un sourire mêlant la satisfaction de la tâche accomplie, le relâchement musculaire de la tension assouvie et l’amusement pressenti de la lecture des journaux quand plus tard, après quelques heures de sommeil, son valet lui porterait son thé et ses toasts accompagnés des quotidiens. Déjà il en savourait les titres, « Jack l’Eventreur frappe une nouvelle fois, au nez et à la barbe de Scotland Yard ! ».          

 

 

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Le parlement, troué de soleil dans le brouillard (1899-1901) Monet. Huile sur toile, 81 x 92cm, Musée d’Orsay, Paris.

 

Le Grand Palais à Paris organise une grande rétrospective Monet du 22 septembre au 24 janvier 2011. 

 

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