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24/12/2010

J’aurais tant voulu y croire encore

Si tout cela n’avait tenu qu’à moi, aujourd’hui encore et à mon âge j’aurais aimé croire au Père Noël. Quand je repense à mes années d’innocence heureuse je mesure l’ampleur de la perte inexorable dont le lourd fardeau m’accablera jusqu’au dernier jour.

Enfant, le Père Noël et le Bon Dieu ne font souvent qu’un dans notre esprit, la barbe blanche peut-être favorise la méprise mais l’un comme l’autre, seule certitude, nous veulent du bien. Le bonhomme de décembre, surtout, nous le prouve concrètement puisque le 25 il déposera dans nos chaussons une partie des cadeaux que nous lui avons commandé par lettre, envoyée « Route du Ciel », une adresse simple mais qui touche toujours son destinataire.

J’ai donc vécu quelques années, six ou huit maximum, dans ce monde parfait, le temps de l’enfance heureuse. Pourquoi aurais-je voulu en sortir, je n’avais aucune raison valable de vouloir abandonner ce petit paradis pour l’échanger contre ce purgatoire qui devient de jour en jour un enfer. Il a fallu que des éléments externes viennent contrecarrer mes projets car pour sûr je n’y suis pour rien, je suis innocent. Je suis innocent !

C’est ma sœur, pourtant cadette, qui a du commencer à mettre le bordel. Je ne lui en tiens pas rigueur car je sais bien maintenant que tôt ou tard j’aurais appris la mauvaise nouvelle ; il était préférable que je la sache jeune, après j’en aurais pâti. Donc ma sœur a su très vite qu’il y avait anguille sous roche, que la houppelande rouge et tout le saint-frusquin c’était du pipeau pour marmots. Elle m’a certainement cafté l’information, dans quel but on ne le saura jamais, vantardise ou moquerie, qu’importe le mal était fait. Le ver était dans le fruit. « Pour me tirer d’un doute où me jette ma sœur… » écrivait Molière dans Les Femmes Savantes, j’ai posé la question à mon père.

Je m’en souviens comme si c’était hier et que cinquante ans ne me séparaient pas de cet instant fatidique. Nous étions un dimanche matin, certainement en janvier en tout cas après la Nativité encore fraîche dans mon esprit, mon père traînait au lit nous allions prendre notre petit-déjeuner, je l’ai rejoint entre les draps froissés avec ma question encombrante que je n’osais poser, selon sa réponse dans un cas j’allais très certainement mourir sur place et dans l’autre j’allais vivre avec un doute affreux. J’ai craché mon interrogation en retenant un sanglot dans ma gorge, mon père m’a demandé si je voulais réellement savoir, d’un mouvement de tête à peine esquissé j’ai donné mon accord, il m’a répondu très simplement que le Père Noël n’existait pas. J’ai retenu mes larmes et accepté l’évidence, déçu mais soulagé.

Depuis ce jour rien n’est plus comme avant. Depuis ce jour je ne crois plus en grand-chose, ou du moins j’ai toujours des doutes. Si une chose si belle n’existe pas, qu’est-ce qui est réellement ? Pourquoi croirais-je que ce monde en déliquescence existe ? Il suffirait peut-être que je pose la question à quelqu’un qui sait, pour qu’il me réponde très simplement que ce monde n’est qu’une illusion, un mauvais rêve mais que si je suis patient je vais m’en réveiller bientôt ?     

 

 

 

07:00 Publié dans Echos de ma vie | Tags : père noël, croire | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

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