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17/05/2011

Les frères ennemis

L’information vous a certainement échappé, mais c’est tout à fait normal car on en a très peu parlé me semble-t-il, si ce n’est sur le site internet du journal Le Temps de Genève. Manuel Segovia (75 ans) et Isidro Velazquez (69 ans) sont fâchés. Les deux mexicains sont brouillés et c’est un drame pour nous tous, même si vous n’en mesurez pas le poids encore.

Les deux vieux sont quasiment voisins dans leur bled de Jalapa de Mendez de l’Etat de Tabasco au Mexique et ils ne s’adressent plus la parole depuis plusieurs semaines sans que quiconque ait réussi à identifier l’origine de leur brouille. Le problème, nous y voici, c’est que ces deux gars sont les derniers locuteurs de l’ayapaneco une langue qui va disparaître à leur décès.

Des linguistes de tous bords s’escriment à collecter le vocabulaire en interrogeant l’un puis l’autre et un dictionnaire sera certainement réalisé, mais il faudrait pouvoir les faire discuter ensemble pour analyser les propos tenus, les combinaisons grammaticales etc. pour consigner parfaitement cette langue.

De plus, quand les linguistes comparent leurs deux uniques sources certaines contradictions apparaissent et comme l’un et l’autre assurent parler correctement l’ayapaneco, il est impossible de trancher, ce qui va obliger nos spécialistes à enregistrer les deux versions quand elles restent en suspens.

Vous imaginez la scène, des linguistes qui ont consacré toute leur vie à sauvegarder des langues, qui s’arrachent les cheveux, suspendus aux lèvres de deux petits vieux têtus comme des mules, ne voulant rien céder et qui vont emporter dans leur tombe les secrets de leur parler !

Actuellement, on estime qu’il y aurait 2500 langues menacées d’extinction dans le monde. Au fait, comment dit-on casse-couilles en ayapaneco ?  

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