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19/05/2011

La critique est aisée

La critique est aisée mais l’art est difficile, on connaît la formule et j’y pensais récemment en rédigeant la critique d’un livre.

Un site littéraire ayant lu mes chroniques de livres m’a contacté pour me proposer un job de « critique ». Le deal est simple, ils me proposent des bouquins et si je les accepte, ils me les donnent, charge pour moi de rédiger une critique sous trois semaines en un nombre de mots minimum défini. Mes textes sont libres et ils sont ensuite diffusés sur deux ou trois sites de ventes consacrés aux livres.

Il s’agit d’auteurs inconnus qui n’ont pas trouvé d’éditeurs ou qui pensent qu’il est plus simple pour eux d’utiliser les moyens modernes offerts par Internet. Autoédités, certains bouquins sont vendus en format numérique ou imprimés à la demande. En tout cas, presque tous, ou du moins les livres qui passeront entre mes mains, seront des premiers romans.

C’est là, après avoir lu mon premier bouquin, que je me suis trouvé confronté à un cas de conscience. Un premier livre génial c’est franchement rare, et il n’y a aucune raison pour qu’un éditeur ne le repère pas, donc ce que je vais devoir critiquer ce sont des premiers pas, des écrivains débutants, des amateurs si je puis dire.

Doit-on critiquer le bouquin d’un jeune écrivain à peine né comme on le ferait d’un vieux briscard ou d’un écrivain au talent unanimement reconnu ? Dois-je changer de paire de lunettes selon que je juge l’un ou l’autre ? Si j’adopte ce dernier mode opératoire, ceux qui vont lire l’ensemble de  mes critiques vont avoir du mal à comprendre que j’attribue autant d’étoiles à un jeunot maniant tout juste la plume, qu’à un écrivain plus habile. L’égalité de la note provenant du coefficient de lecture que je me serais imposé. A moins que je précise avant chaque chronique que nous sommes face à tel ou tel cas de figure.

Finalement j’ai tranché, tout le monde sera logé à la même enseigne. D’abord – je parle pour moi – parce que dans mon esprit, il y a les bons bouquins et les mauvais, point barre. Ensuite – pour vous – en supposant que mes critiques vous incitent à lire ces livres, il n’y a aucune raison pour que je vous invite à lire un roman chiant pour la simple raison qu’ayant été écrit par un jeune écrivain il mérite votre compréhension. Il y a trop de très bons livres qu’il faudrait impérativement lire, pour perdre son temps (et son argent) avec les mièvreries qui s’empilent chez les libraires et maintenant sur les sites de ventes par Internet. Enfin – pour l’écrivain lui-même – je pense que c’est l’honorer que de le juger avec les mêmes critères que ceux utilisés pour ses illustres collègues. Une preuve de respect pour son travail.

Voilà comment je vois les choses. Maintenant me direz-vous, c’est facile de critiquer en quelques lignes, le bouquin qu’un pauvre gars a mis toute une vie pour écrire. Exact, mais c’est le jeu et ça confirme la formule du début de cette note !

     

Commentaires

A quelques années d'intervalles, j'avais aussi produit une réflexion sur la critique sur mon blog; en voici le lien:

http://fattorius.over-blog.com/article-23009387.html

On peut aussi se demander pourquoi certains critiques sont plus délicats avec des oeuvres créées par des proches (ou des personnes susceptibles de réagir) qu'avec des créations "lointaines" (un film de Hollywood, par exemple, dont l'auteur n'aura certainement pas vent d'une critique de blog assassine). On peut y voir un exercice de ménagement des susceptibilités...

D'un autre côté, vous avez raison d'utiliser la même aune pour tous - et je rejoins vos arguments. Après, la meilleure manière de procéder est peut-être de dire les faits et de bien préciser qu'il s'agit d'un avis personnel, éventuellement argumenté.

Enfin, j'ai lu votre billet sur "Au tour de Violette" - sévère certes, mais juste et de bon aloi sans doute: je ne connais pas ce roman, mais j'apprécie aussi, dans un polar, la plus-value que peut apporter l'exploration d'un milieu que je ne connais pas. Je me souviens par exemple de l'excellente observation des milieux du cinéma dans "Crève, l'écran" d'André Klopmann, Prix du Quai des Orfèvres et écrivain suisse.

Et là, j'en lis un sur La Poste, ça balance pas mal aussi...

Écrit par : DF | 20/05/2011

Merci DF pour votre commentaire réfléchi et le lien vers votre billet dont je conseille la lecture à tous « mes » lecteurs. En fait, la critique est aisée quand elle jette en pâture un avis péremptoire (bon ou mauvais) de quelques mots, par contre elle est effectivement beaucoup plus difficile quand il s’agit d’argumenter son propos. D’ailleurs on ne peut parler de critique, que dans ce second cas. J’essaie de tenir cette règle, mais comme je l’avoue aussi à la fin de mon billet, j’ai quelques scrupules à descendre le bouquin d’un débutant (un auteur confirmé se fichant de mon avis). Ma seule justification, j’essaie d’être honnête.

Écrit par : Corboland78 | 20/05/2011

Editions à comptes de gogos

Il m'arrive de lire avec malice les témoignages pitoyables -mais si drôles- des victimes d'arnaques des éditions à comptes d'auteurs.

Un grand classique du genre où tout observateur de l'humanité peut se repaître à loisir du spectacle de ses semblables s'enlisant dans cette mélasse appelée fatuité.

Le théâtre des guignols agités par la Vanité m'amuse follement, même si d'un autre côté il m'attriste également.

La comédie est toujours la même, elle dure depuis que le monde est monde. Seules les marionnettes changent au fil des siècles, ainsi que le décor au gré des circonstances. Dans cette pièce immortelle, plus grand succès de tous les temps, le premier rôle est incarné par la Bêtise.

Je suis effaré devant la crédulité, la naïveté, mais aussi l'égotisme, l'infatuation des auteurs du dimanche prêts à accepter de payer des "éditeurs" pour être publiés...

Etre aveugle à ce point tient du phénomène.

Des gens instruits, responsables, compétents dans leurs domaines, parfaitement sensés par ailleurs, adoptent dans certaines circonstances des comportements puérils, absurdes, ineptes, comme si une subite cécité mentale leur ôtait tout discernement, éblouis par des mirages tellement grotesques que même un adolescent moyennement éveillé les piétinerait avec dédain.

Les écrivains de foire sont décidément d'obèses pigeons qui, écrivant avec leurs propres et molles plumes, croient dur comme fer au Père Noël.

Accepter de se faire publier à compte d'auteur... N'importe quel quidam se rendrait compte sur le champ qu'il s'agit d'une escroquerie pure et simple.

Eux, non.

La fausseté de l'affaire est tellement évidente qu'on se demande comment les intéressés eux-mêmes ne s'en aperçoivent pas...

Les auteurs du dimanche sont une race à part. Nourris d'illusions, abreuvés d'espoirs de poires, enivrés de fumées, ils ne doutent pas un instant de la sincérité des éloges que les éditeurs à comptes d'auteurs leur adressent, accompagnés de promesses en or.

Pour résultats en toc.

Bref, ils payent et se retrouvent bien évidemment floués. Avec sur les bras des caisses remplies de leurs chefs-d'oeuvre incompris encombrant le grenier. Payés au prix fort, voire très fort...

Comiquement prévisible. Plus c'est gros, mieux ça fonctionne.

Ces fats qui font preuve d'un tel degré de sottise méritent bien l'amère leçon du sort ! Le véritable responsable n'est pas l'éditeur mais bel et bien le volatile qui se fait volontairement plumer, victime de sa propre vanité.

En définitive la mésaventure financière de ces plumitifs est très morale car édifiante : c'est toujours à ce moment là qu'ils se réveillent.

Le rideau tombe, la pièce est terminée, personne n'applaudit.

Mais l'homme a grandi : l'oiseau ayant perdu ses kilos de vanité, le piètre auteur peut enfin prendre de la hauteur.

Raphaël Zacharie de IZARRA

Écrit par : Raphaël Zacharie de IZARRA | 07/06/2011

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