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29/12/2011

Du fin fond de ma mémoire

La période des fêtes de fin d’année, avec l’ombre du Père Noël, est propice au réveil des moments  anciens datant de notre prime enfance. Si j’y ajoute un entrefilet lu dans la presse récemment, faisant allusion à une réédition de Michka aux Editions du Père Castor, la conjoncture était favorable pour me remémorer ce qui doit être mon plus ancien souvenir.

Nous sommes en décembre et je suis à l’école maternelle, ma première école rue de la Victoire dans le Paris du milieu des années cinquante. J’ai déjà évoqué cette époque et ce lieu ici, mais il s’agit aujourd’hui d’un court instant, remonté du plus profond de mon subconscient.

La classe est décorée pour la venue proche du Père Noël et accessoirement, du petit Jésus. Le maître ou peut-être la maîtresse plus certainement, je ne sais, nous a embarqués dans une séance de coloriage/peinture, appelez cela comme vous le voudrez, les jeunes artistes à l’œuvre ne s’en formaliserons pas.

Ce dont je me rappelle, c’est que j’ai devant moi une grande feuille de papier à dessin, pliée en deux. Dans le centre de la première page un rectangle a été découpé. L’idée, c’est de faire passer cette découpe pour une fenêtre, de façon à apercevoir un paysage peint sur la seconde page. Je suppose que la découpe a été réalisée par la maîtresse et moi, maintenant, je dois m’atteler à ma tâche, muni de ma boîte de peintures à l’eau. Ce n’est pas rien, à mon âge d’alors. Un godet d’eau, un pinceau et des couleurs, il s’agit de colorer la feuille de papier sans en mettre sur ma blouse, ni sur mes doigts.

Là où mon souvenir devient vraiment personnel, c’est que je me souviens de ce qu’on apercevait par cette fameuse fenêtre découpée dans le papier. Un paysage de neige avec un ours, pas n’importe quel plantigrade venu, mais le fameuxMichka du livre! Raconté ainsi, je parie que vous aussi vous « voyez » mon ours, mais dans la réalité qu’enjolive la mémoire, il n’est pas assuré que la bestiole fût reconnaissable. Qu’importe !

Je gratte mes vieux neurones pour raviver l’instant magique et c’est étrange car j’ai la sensation d’être penché au-dessus de moi, enfant, pour me regarder barbouiller ce qui sera mon chef d’œuvre à n’en pas douter. La vision est floue, diffuse, et ce n’est pas l’œil qui m’en dit le plus, mais plutôt le « toucher » car j’ai encore en tête deux éléments forts de ce souvenir. D’abord la couleur, j’ai utilisé un bleu très foncé, entre violet et noir, voilà ce que me dit mon œil. Mais c’est ma main et plus particulièrement mon doigt qui m’en dit plus, bien qu’il se soit agi de peinture à l’eau et non de gouache, j’en ai étalé une couche très épaisse (??) et je me sers de mon index pour lisser et étaler, car avec le pinceau c’est plus difficile. De l’épaisse tambouille de couleur se dégage une odeur, je sais qu’elle est là toute proche mais mon nez n’en appréhende pas correctement la senteur, elle n’est pas réellement agréable je le sais mais elle est entêtante.

Voilà, c’est à peu près tout, comment s’est terminé la séance de dessin nous n’en saurons pas plus, l’œuvre était-elle acceptable, qui le saura jamais ? Mais le merveilleux, c’est de constater que ce simple mot de Michka, lu très vite dans la presse, a ranimé un souvenir si ancien et fugace, datant largement de plus de cinquante ans. J’ai beau faire des efforts, je ne réussis pas à creuser plus profond, au-delà les couches sédimentaires sont inaccessibles semble-t-il. A ce jour.      

   

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