15/01/2012
Xavier-Boniface Saintine
A Marly le Roi, la rue Saintine avait attiré mon attention depuis bien longtemps car elle faisait référence à un écrivain dont j’ignorais complètement l’existence. Après quelques recherches aisées dans la documentation locale, j’ai réussi à en dresser un court portrait.
Xavier Boniface (1798-1865) est originaire du Cambrésis. Après avoir entamé des études de médecine, en 1814 il est enrôlé et envoyé au feu sans instruction militaire. Alors qu’il rejoint les troupes françaises près de Château-Thierry, il rencontre Eugène Scribe écrivain déjà célèbre. Un soir à la veillée, tous deux construisent le plan d’une pièce de théâtre. A partir de cet instant, le destin de Xavier Boniface est tout tracé, il sera écrivain et il décide alors de prendre comme nom de plume « Saintine », du nom du village natal de sa mère, Saintines dans l’Oise. En 1817 il obtient le prix de poésie de l’Académie Française et en 1836 c’est son roman Picciola qui le rendra célèbre puisqu’il sera traduit dans de nombreuses langues et aura beaucoup de succès en Europe, ce qui lui vaudra la Légion d’Honneur. A ce propos, Chateaubriand lui écrira « Vous Monsieur, qui venez quand je m’en vais, soutenez la gloire de la France. A vous l’avenir, à moi le passé. »
A cette même époque, son éditeur Gosselin le fait venir à Marly « pour se reposer de la vie trépidante de Paris » et il s’installe dans une petite maison qu’il appela Le Champ des Oiseaux. Grâce à l’argent que lui rapporte son œuvre littéraire, il s’agrandit en achetant les terrains et maisons voisines. Il sut se retirer de la scène avant le déclin, laissant une réputation d’homme bon et cordial, affligé par contre d’un physique peu avantageux si l’on en croit les propos de ses contemporains. « Il ne lutta pas contre la mort. Lorsqu’il connut qu’elle allait le prendre, il retira de son doigt un anneau qu’il portait depuis le jour de son mariage, le passa au doigt de sa veuve et s’endormit paisiblement. » Il est enterré au cimetière de Marly.
Bien avant Victorien Sardou, c’est lui qui commença à faire revivre le nom de Marly, en particulier dans son recueil de nouvelles Récits dans la tourelle. Je me devais de lire cet ouvrage. Paru en 1856, il s’agit de trois textes de longueur et intérêt inégal. Le livre débute par Le Château de Génappe, et relate le séjour d’un jeune homme chez un vieil original fortuné et épris d’histoire. Tous ses invités doivent se travestir et vivre selon l’époque choisie par son humeur du jour. Le jeune homme qui n’était pas au courant de la lubie de son hôte est très surpris par les évènements. Vient ensuite Un Rossignol pris au trébuchet, le plat de résistance en douze chapitres. Le roman se déroule à Marly et il est plaisant de s’y retrouver à l’époque de la Régence (1715-1723). Une jeune fille du village est courtisée par un gentilhomme exilé ici. La première est pure et innocente, le second est un faquin qui ne cherche qu’à corrompre la jeunette par jeu, pour distraire son ennui. Une histoire qui pourrait s’avérer nunuche si Saintine avec talent n’avait corsé le scénario habilement, trouvant le moyen d’intervertir les rôles pour qu’in fine, la jeune innocente soit beaucoup plus rusée que ne l’ait imaginé le séducteur professionnel ! Le dernier texte, Le Roi des Canaries, m’a paru le plus faible et peu intéressant.
Le livre se lit très facilement car Saintine a un style très vivant et enlevé, moderne, tournures de phrases et vocabulaire ne sentent pas la poussière comme on aurait pu le craindre, ne gênant absolument pas la lecture pour un amateur contemporain.
Si vous êtes intéressés par le bouquin, il est en lecture gratuite sur le site de la bibliothèque numérique Gallica de la BNF ou bien encore, vous pouvez le commander chez Edilivre.com qui l’imprimera à la demande
X.-B. Saintine Récits dans la tourelle
07:00 Publié dans Echos de ma ville, Livres | Tags : littérature, saintine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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