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17/01/2012

Le Bouillon Chartier

Je ne sais si l’assassin revient toujours sur les lieux de son crime comme le veut le dicton, mais moi j’aime à revenir parfois dans le quartier de mon enfance. Récemment, j’étais à Paris entre gare Saint-Lazare et Trinité et samedi ce sont les Grands Boulevards que j’arpentais avec nostalgie. Que ce soit la marche ou bien cette douce mélancolie, on ne le saura certainement jamais, toujours est-il que j’avais l’estomac dans les talons et ce bien avant l’heure traditionnelle pour passer à table.

Le hasard fait souvent bien les choses, j’étais à deux pas du célèbre Chartier, il ne me restait plus qu’à descendre la rue du Faubourg Montmartre jusqu’au numéro 7, pénétrer dans la cour intérieure de l’immeuble, pousser la porte à tambour et attendre qu’on me mène à une table libre.

Rien n’a changé depuis mon dernier passage ici, une lapalissade, car je crois bien que tout est resté dans le même jus depuis son ouverture en 1896 ! Et c’est justement tout ce qui fait le charme de l’enseigne, lui valant le classement aux monuments historiques en 1989.

Imaginez une salle de restaurant tout en longueur avec un très haut plafond en verrières soutenu par des colonnes, ce qui permet d’y avoir aménagé une mezzanine. De petites tables avec des nappes en papier et un genre de porte-bagages en laiton au-dessus de votre tête pour y placer votre manteau et votre sac. C’est très pratique, et de nombreux restaurants devraient y songer pour leur propre boui-boui. L’architecture et la décoration sont de style Belle-Epoque, grandes glaces sur les murs, lustres à boules, la caissière trône à l’entrée de la salle comme une douanière entre cuisines et clients, dans un meuble en bois de l’époque. Les nombreux serveurs en grande tenue, chemise blanche et nœud papillon, gilet noir et long tablier blanc tombant sous les genoux, assurent un service irréprochable, tout en amabilité et rapidité. Car il faut que ça dépote, parfois on fait la queue jusque dans la rue pour entrer en ce royaume.

Les clients viennent de partout, touristes arrivant de l’étranger leur guide Lonely Planet en main, Français de province montés à Paris, habitants du quartier ayant leurs habitudes dans cette cantine, dès que vous êtes admis entre ces murs, sans qu’on puisse se l’expliquer clairement, on a la sensation d’être en terrain amical ; une pension de famille dans un hall de gare, comprenne qui pourra.

Les plats sont simples, une cuisine bien française et quasi familiale, comme en servaient les brasseries jadis. Et ce qui ne gâte rien, les prix sont doux comme l’indique le nom bouillon Chartier, comprendre bouillon comme « restaurant à bon marché » (dixit Robert) et non potage ! La carte est une vulgaire feuille de papier imprimée offrant un choix suffisant d’entrées, plats et desserts. Pour moi ce seront harengs pommes à l’huile, joue de bœuf braisée, crème de marron chantilly et un quart de rouge. « Prenez plutôt un quart, qu’un verre de vin, ça vous reviendra moins cher » me conseille le garçon. Quant vient le moment de l’addition, le garçon la calcule sous vos yeux, en écrivant sur la nappe.

Que dire de plus quand on a dit qu’on y mange correctement pour un rapport qualité/prix excellent, dans un décor merveilleux de dépaysement et chargé d’histoire, que la proximité des tables peut offrir des opportunités de rencontres et de discussions imprévues. Bref, je suis retourné à pied vers la gare Saint-Lazare, le ventre plein et le sourire aux lèvres, heureux comme Dieu en France. 

 

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