Débat et des baffes

Depuis la provocation évidente de Nicolas Sarkozy proposant trois débats télévisés à son adversaire François Hollande, les médias frétillaient par avance, se régalant des papiers et commentaires qui s’en suivraient, sans se priver de ceux les précédant. Enfin, les plumes et les discussions des professionnels de l’information allaient pouvoir repartir sur des bases solides pour les quelques jours restant avant dimanche. Las, le candidat socialiste François Hollande n’a pas donné dans le panneau, se contentant de suivre la règle habituelle du débat unique entre les deux tours de l’élection présidentielle.

Qu’à cela ne tienne, la confrontation unique n’en aurait que plus de poids encore. Je ne sais pas si les Français voient les choses comme les journalistes – je ne le pense pas – mais pour les seconds on devine que le débat aura des allures de match, voire de combat entre gladiateurs dans l’arène. Les commentateurs politiques s’encanaillent, devenant reporters sportifs, tout juste s’ils n’ont pas noté sur leurs fiches pour nous les ressortir, les mensurations et le poids des deux hommes. En tout cas ils sont fins prêts à analyser le style de chacun, le punch, la vitalité et l’agressivité du petit, la force tranquille et le jeu d’esquive du grassouillet. Des attitudes diamétralement opposées mais qui néanmoins portent leurs fruits, puisqu’ils sont tous les deux en finale.

La joute oratoire passe au second plan, après les fanfaronnades classiques d’avant match, le petit expliquant à chacun en privé « qu’il allait l’exploser », les journalistes guettent l’empoignade, le combat virile sans quartiers, les bons mots qui fusent et tuent. L’idéal étant le geste jamais osé, la baffe excédée décochée au contradicteur, en direct devant des millions de téléspectateurs. Un buzz mondial, de quoi remplir des colonnes et des pages entières de journaux et d’assécher les gosiers expérimentés des gloseurs professionnels. 

Rendez-vous ce soir, un peu avant 21h, pour la pesée précédant le combat …