Les cheveux

Je me fais des cheveux. Ceux qui me connaissent doivent s’imaginer que je me confectionne une moumoute afin de masquer mon alopécie galopante, il n’en est rien bien sûr. En fait je m’inquiète. Oh ! ce n’est pas la trouille franche, n’exagérons rien, mais je suis encore face à l’une des ces interrogations qui me taraudent l’esprit parfois. Ca vient d’un coup crois-je, mais à mon avis quand j’y réfléchis ça doit résulter d’une association d’idées, par contre je ne sais pas les quelles.

En ce moment donc, ce sont les cheveux qui me prennent la tête. Je trouve cela bizarre ces cheveux qui poussent perpétuellement. Soit on est chauve et on ne se pose pas la question, soit on est confronté à ce fait que je trouve extraordinaire, la pousse des tifs.  

Vous me direz que les poils aussi ils poussent, oui mais beaucoup moins, soyez réalistes. J’ai des poils dans le nez qui m‘ennuient un peu, mais ils ne me bouchent pas le tarin, même si je les laissais faire. Sous les bras et sur le torse, ils sont vachement sages, d’ailleurs je ne pensais même plus à eux. Pareils pour ceux dans le, enfin, pour d’autres ailleurs. Car on dira ce qu’on voudra, les poils ils poussent, oui, mais sans exagération dans la plupart des cas. Seule exception qui confirme la règle, la barbe, ok.

Non, le problème ce sont les cheveux. D’ailleurs certains en ont fait un métier, les coiffeurs, alors qu’il n’y a pas de coupeurs de poils, c’est bien la preuve, sinon il y avait un créneau. Bon, je sais, vous allez me balancer qu’il y a les épileuses de touffes, mais ça n’a rien à voir. C’est du confort ou de l’esthétisme, je n’entrerai pas dans ce débat maintenant.   

Il paraît même que les cheveux continuent à pousser après notre mort, du moins quelques temps, les ongles aussi. Les ongles ça ne m’inquiète pas encore, mais je sens que ça va venir un jour et ça fera l’objet d’un nouveau billet, dans l’immédiat je les ronge, ça coupe court à mon angoisse.

La chevelure, si on la laisse pousser ça peut prendre des proportions inouïes, genre Dupont et Dupond dans On a marché sur la lune, la fameuse aventure avec Tintin. Je vous laisse relire ce classique si l’image vous échappe, et même si ce n’est pas le cas, relire Tintin est toujours une saine occupation.

En fait ce qui m’étonne le plus dans toute cette affaire, c’est surtout, pourquoi des cheveux ? Pourquoi avons-nous sur le crâne ces choses-là ? Si on naissait chauve pour la vie, que perdrait-on ? Nous serions tranquilles, inutile de devoir les couper ou les peigner, terminé les modes puériles, longs, en brosse, ras, frisés, raides, afro etc. Tout le monde à égalité.

Certains diront, oui mais l’hiver ça tient chaud au chef, je répondrai d’accord mais l’été ça ne rafraîchit pas le cerveau et la sueur oblige à les laver plus souvent ! Dans les deux cas, chapeaux et casquettes permettent de parer le coup. D’ailleurs, j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus d’hommes qui se tondent le crâne ou du moins qui les coupent très courts.

Non franchement, je vois bien tous les inconvénients d’avoir des cheveux, les peigner, les couper et les laver comme je l’ai dit, ou bien les perdre ce qui oblige à brosser les vêtements (corollaire, les pellicules) sans oublier l’aspect vexant. Maintenant, pour les avantages ou les intérêts, je sèche. L’aspect esthétique est à ignorer puisqu’il n’est qu’un effet de mode.

Je pense réellement que l’avenir est à la fin des cheveux. Les scientifiques doivent se pencher sur la question pour que l’espèce humaine perde cet attribut sans intérêt. Ce qui promet une belle bagarre entre les laboratoires des chercheurs et ceux des fabricants de shampoings et cosmétiques. Mais imaginez un monde sans cheveux, même le terme finirait par disparaître du langage, plus personne ne se ferait de cheveux pour l’avenir, aucunes gens n’auraient les cheveux qui se dressent d’horreur sur la tête, nul ne se crêperait le chignon avec son voisin, même les cheveux sur la langue ne seraient plus que de vieux souvenirs.

Mais alors, le bonheur ne tiendrait qu’à un cheveu ?