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28/11/2012

Persistance de la mémoire

On n’avait certainement jamais connu une telle canicule. De mémoire d’hommes et de bêtes, la chaleur qui s’était abattue sur la région n’avait pas d’équivalent.

Même la mer toute proche n’y pouvait rien, tous tombaient comme des mouches ou du moins restaient sur le flanc, espérant avoir assez de force néanmoins pour survivre jusqu’à un fléchissement des températures. Les oiseaux avaient déserté l’endroit les premiers, ne plus les voir dans le ciel et surtout ne plus entendre leurs cris conférait aux lieux une ambiance sinistre contrastant avec la luminosité agressive.

La mer étale, n’avait plus l’énergie suffisante pour s’échouer en vagues bruyantes sur la plage et les falaises paraissaient plantées dans une mare d’huile stagnante. La végétation qui n’avait jamais été bien riche par ici, n’était plus qu’un souvenir ancien, comme un tronc nu désolant, seul au cœur de ce désert en marche.

Le vieil homme aux moustaches étranges observait le paysage mourant devant sa paillote. La chaleur et l’âge troublaient sa vision du monde, le flou visuel se confondant avec sa mémoire défaillante, il apercevait ou croyait deviner au loin, des formes peu communes. Instinctivement il cherchait à en mémoriser les détails car s’il réchappait du désastre en cours, il lui faudrait témoigner et dire au monde ce qu’il avait vu.

Les fourmis ne faisaient pas de doute, il les voyait parfaitement. Elles gigotaient dans la montre-gousset sans qu’il comprenne vraiment ce qu’elles y cherchaient. Plus loin, la confusion ajoutait à l’incompréhension. Des montres séchaient, pendue à une branche ou au bord d’un meuble, déformées au point d’en être molles, d’une matière inconnue sûrement mais d’un bien beau bleu rappelant les couleurs du ciel.

Enfin, il y a avait la chose. Ce corps ou cette forme gisant sur le sol. Etait-ce une bête, ou peut-être une femme ? Difficile à dire d’où il était placé. Mais s’il s’agissait d’un être humain, pourquoi était-il sellé d’une montre molle ? Toutes ces montres d’ailleurs, lui fichaient la trouille. Géantes et ramollies. Ramollies par la chaleur, passe encore, mais pourquoi géantes ?

Il n’avait plus les forces pour réfléchir, certainement que sa vue se brouillait et lui faisait voir des absurdités inexistantes, des mirages ou des hallucinations. Qu’importe, il fallait qu’il note tout cela. Lentement il tendit sa main vers son carnet de croquis…      

 

 

Salvador Dali  La persistance de la mémoire (1931) – Huile sur toile 24x33cm - MoMa de New York - 

 

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07:05 Publié dans Nouvelles | Tags : dali, chaleur | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

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