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10/01/2013

Le pouvoir des mots

Petite enfant balbutiant à peine, Amélie Nothomb découvre immédiatement le pouvoir des mots et l’explique très bien dans Métaphysique des tubes. S’estimant persécutée par son frère plus âgé de quatre ans, « pour le punir, je ne le nommerai pas. Ainsi il n’existerait pas réellement » décrète-t-elle.

De son côté, Marcel Pagnol dans Le Château de ma mère, évoque une frayeur causée par le cri d’un animal entendu la nuit. « Alors, parce qu’il était nommé, ce cri perdit sa puissance nocturne : ce renard glapissait, rien de plus. (…) je fus tout à fait rassuré. »

On pourrait multiplier les exemples, ils n’en diraient pas plus. Pour Amélie Nothomb, ne pas citer le nom de son tourment lui permettait de l’ignorer, de l’éliminer de sa vie. Ce qui n’a pas de nom n’existe pas et ce qui n’existe pas ne peut pas nous faire de mal. A l’inverse, pour Marcel Pagnol, le fait de donner un nom à la cause de sa peur en diminue l’impact. Savoir que ce bruit inconnu surgi dans la nuit est un glapissement, le réconforte car il sait que le glapissement est le cri du renard. Ce n’est que le cri du renard. Il n’y a donc plus à s’inquiéter, le bruit inconnu donc effrayant a un nom et ce nom connu dévoile l’origine du bruit qui donc ne peut plus faire peur.

Les mots tus nous protègeraient du monde et les mots dits nous expliqueraient le monde ? Si vous êtes dans l’incertitude, n’oubliez pas ce conseil de Paul Valéry, « Entre deux mots, il faut choisir le moindre. »

 

07:00 Publié dans Echo des mots | Tags : mots, nothomb, pagnol, valery | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | | |

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