Des chiffres mais pas de lettres

Quand j’étais plus jeune j’ai beaucoup usé mes méninges à faire des mots croisés. J’adorais ce jeu consistant à découvrir des mots cachés derrière des définitions subtiles et s’interpénétrant les uns avec les autres. J’y ai gagné du vocabulaire et une tournure d’esprit apte à apprécier les jeux de mots ou les contrepèteries.

Plus tard les magazines ont proposé les « mots fléchés » qui n’ont rien de bien différents des « mots croisés », si ce n’est que les définitions sont incrustées dans la grille au lieu d’être en regard. Je suppose que c’est plus pratique pour ceux qui empruntent les transports en commun, définition et cases à remplir sont côte à côte, ce qui évite les reports du type « horizontal, ligne quatre, second mot » ; d’ailleurs tout est plus simple avec ces « mots fléchés », mêmes les mots à découvrir sont trop faciles et du coup j’ai abandonné d’en faire. Il est rare de nos jours de trouver des définitions comme cette célèbre « Vide les baignoires et remplit les lavabos » dont la réponse est « entracte ».

Devant la pauvreté de l’offre, les magazines et journaux ont trouvé un remplaçant aux jeux de mots, les jeux de chiffres, à savoir les « sudokus ». Vous me direz que c’est un jeu de chiffres qui ressemble fort à un gros mot… certes, mais c’est parce que vous le prononcez mal car en français, ce mot japonais doit être dit « soudokou ».

 Le sudoku est un jeu en forme de grille défini en 1979 par l’Américain Howard Garns. Le but du jeu est de remplir la grille avec une série de chiffres tous différents, qui ne se trouvent jamais plus d’une fois sur une même ligne, dans une même colonne ou dans une même sous-grille. La plupart du temps, les symboles sont des chiffres allant de 1 à 9, les sous-grilles étant alors des carrés de 3 × 3. Quelques chiffres sont déjà disposés dans la grille, ce qui autorise une résolution progressive du problème complet.

Ma douce adore ces jeux et de fil en aiguille, à l’entendre geindre quand elle peinait à remplir une grille ou bien hurler quand une erreur l’obligeait à tout reprendre alors qu’elle se voyait au but, je me suis laissé initier au jeu pour lui venir en aide. Contrairement aux mots croisés qui demandent un minimum de connaissances acquises comme le vocabulaire, les sudokus s’adressent plus à l’astuce et à la vue d’ensemble et ressemblent fort à des casse-tête chinois !

Quand on se laisse prendre à cette passion, on a souvent l’occasion d’enrager et de faire grise mine quand nos efforts ne sont pas récompensés. Alors pour retrouver le sourire, n’oubliez jamais ce proverbe répandu parmi les amateurs de ce jeu, « Qui a le sudoku, a le nord en face » !