05/09/2014
Des voisins infréquentables
Depuis près de deux ans, la famille du premier étage droite était devenue la risée de tout l’immeuble. Leurs engueulades permanentes, leurs éclats incongrus, nous les avaient rendus antipathiques au possible. Entre les frères et les cousins logeant dans le même appartement, il était difficile de savoir qui était le chef de famille, d’ailleurs à en croire les éclats de voix qui nous cassaient les oreilles, eux-mêmes se battaient entre eux, d’où ce bastringue permanent, pour que l’un des leurs prennent la tête de cette meute. Le bruit courrait, qu’une forte tête partie vivre sa vie ailleurs après qu’il ait été expulsé de l’immeuble, pourrait revenir vivre parmi les siens. Ce qui ne faisait qu’attiser les rancœurs des uns et des autres, les logements ne sont pas grands, voire revenir une bouche supplémentaire ne pouvait que compliquer la vie.
Plaintes et mains courantes au commissariat, rien n’y faisait, un policier excédé nous avoua même que la famille faisait l’objet d’enquêtes pour trafics divers et variés, voire escroqueries.
Le reste de l’immeuble tâchait de les ignorer et nous en avions pris notre parti, ces gens n’étaient pas fréquentables. La maison vivotait, tant bien que mal, et excepté ce premier étage, les relations de voisinage suivaient leur cours, avec des hauts et bas, comme partout.
Et puis cet été, patatras, ce sont les locataires du troisième gauche qui ont organisé le chambard. Mêmes causes, mêmes effets qu’au premier. La famille s’étripe, des noms d’oiseaux sont vociférés, des clans se forment et s’affirment avec véhémence, le soir je peux vous dire que ça gueule et trépigne dans leur logement. Quand je croise le père de famille, un petit gros à lunettes, il est toujours souriant et débonnaire, mais je sais bien que c’est une façade qu’il se donne.
Moi j’habite ici depuis plus de soixante ans, autant dire que j’en ai vu passer des locataires ou des propriétaires. Il y a toujours eu des gens sympas et des sales connards, je ne peux pas dire le contraire, mais depuis quelques années, je dois bien reconnaitre que ça se dégrade sévèrement. Dans trois ans, en 2017, nous avons notre grande réunion des copropriétaires avec élection du nouveau syndic, je peux vous assurer que ça va barder. Je ne suis pas certain que les choses s’arrangent, je crains même qu’elles n’empirent, n’empêche que ça va chier…
Etrangement, il n’y a que la concierge qui garde le sourire, une grande blonde à grande gueule, toujours prête à donner un coup de balai à droite et à gauche. Je ne vois pas ce qu’elle peut trouver de drôle à la situation.
05:00 Publié dans Echos du monde | Tags : politique, udf, ps, fn | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |
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