Les rondelles ne font pas toutes le printemps

Si à l’automne les marrons tombent en pagaille sur nos trottoirs, c’est aussi l’époque où les CD s’accumulent en piles colorées auprès de ma platine. Cette avalanche ne recèle pas que du bon mais du moins, rien de franchement mauvais.

La pile de disques de blues est bien entendu la plus haute avec Gary Moore, Elvin Bishop, Joe Bonamassa et John Mellencamp.

Feu Gary Moore nous revient du pays des morts avec un disque (Live At Bush Hall 2007) enregistré en public, en 2007 à Londres devant une audience réduite. Le disque n’étonnera pas les amateurs du guitariste irlandais, on y retrouve sa guitare pleine de punch et ses solos incisifs, dont la puissance paradoxalement, se fait encore plus sentir sur les titres lents comme l’excellent I Had A Dream. Bien entendu, on n’échappe pas aux incontournables Still got the Blues et The Blues is allright, mais s’ils n’étaient pas joués vous auriez gueulé !

 

 

Moins connu que Moore mais pourtant pas moins bon – oserais-je dire au risque de me faire huer – meilleur encore, Elvin Bishop l’américain dans la mouvance Al Kooper et Mike Bloomfield, vient de nous pondre une pure merveille avec ce Can’t Even Do Wrong Right. Guitariste émérite à la voix remarquable, il nous balance quelques reprises pas piquée des hannetons de Jimmy Reed ou Fats Domino. Si de plus, je précise que l’harmoniciste Charlie Musselwhite est de la partie, vous n’aurez que de bonnes raisons pour filer chez votre dealer habituel pour acheter votre dose de musique bleue.

 

 

Avec Joe Bonamassa j’ai un problème. C’est un bon guitariste, son album commun avec Beth Hart (Seesaw) était excellent, sublimé par la voix de la chanteuse, mais ses disques solo m’ennuient et ce Different Shades Of Blue, n’échappe pas à la règle. Le guitariste s’est entouré de musiciens haut de gamme comme Reese Wynans (orgue, piano), Carmine Rojas (basse), Anton Fig (batterie, percussions) par exemple mais je ne sais pas, j’écoute et puis j’oublie ! En plus j’aime pas le son.

 

 

 

John Mellencamp n’est pas un réel bluesman, il est plutôt du genre musique américaine dans le sens large du terme. Ce Performs Trouble No More est une version en public datant de 2003, de son album de l’époque, intitulé Trouble No More, et c’est un pur régal aux accents bluesy et folk en version électro-acoustique. Aux titres de l’album studio, le groupe étoffe son passage sur scène par une superbe reprise de Dylan (Highway 61) et trois classiques de Mellencamp, Small Town, Paper in Fire et Pink Houses qu’ils ont l’habitude de faire en concert. 

Ma seconde pile de CD est plus variée avec Ryan Adams, Prince, U2 et Robert Plant.

 

Le disque de Ryan Adams, sobrement intitulé Ryan Adams, ne manque pas d’atouts. Si je ne suis pas un inconditionnel de l’artiste américain, certains de ces albums me touchent, comme celui-ci. L’homme a connu bien des misères ces dernières années, cure de désintoxication, problèmes d’acouphène, mais notre poète revient avec un disque qui se partage entre moments électriques, comme ce Gimme Something Good qui ouvre le bal et d’autres plus intimistes, mais tous avec un son magnifique. Si vous ne connaissez pas Ryan Adams, je dirais qu’il se range dans la tradition d’un Bruce Springsteen, raccourci osé pour dire que c’est un artiste purement américain. Excellent album en tout cas, pour ce guitariste, compositeur, interprète pas assez connu.

 

Prince lui aussi vient de pondre sa nouvelle rondelle. En fait il a sorti deux disques coup sur coup, mais je n’ai retenu que celui-ci (Art Official Age). Là encore j’ai un problème. Prince est un grand artiste, musicien et compositeur, j’adore particulièrement le son de sa guitare. Je n’ai pas aimé toute sa production, loin de là même, mais certains albums (souvent anciens d’ailleurs…) sont excellents. Quant à celui qui nous arrive, il mêle house, funk, électro et soul aussi mais avec la désagréable impression de déjà entendu. Les « trucs » ne prennent plus, la grosse voix passée au vocoder, les lignes de basse déjà entendues, les bruitages fumeux… Un CD pas désagréable mais qui n’ajoute rien à la gloire du Prince.

 

La vraie bonne surprise parmi tous mes nouveaux CD vient de U2. Leur Songs Of Innocence, nous ramène au bon vieux temps de leurs albums aux titres plein de nostalgie ou à la force poignante, pour ne pas dire émouvante. De Iris (Hold Me Close) à la rythmique typiquement U2 à l’envoûtant et dansant Volcano, on se surprend à adorer ce nouvel opus de la bande à Bono. Comme de plus, il était en téléchargement gratuit sur iTunes les premiers jours après sa sortie, il eut été ballot de le manquer ! 

 

 

 

J’en terminerai avec Robert Plant et ce Lullaby and the Ceaseless Roar. Je pourrais vous rappeler qu’il fut l’extraordinaire chanteur de Led Zeppelin, mais ce serait vous faire injure et vous fourvoyer car il y a belle lurette que le blond bouclé a tourné la page, même si sur scène il reprend – à sa manière – des titres de son groupe mythique. Ici, point de hard rock et de gueulantes vocales, nous sommes dans du plus subtile, de la world music, de la musique irlandaise aussi. Percussions et instruments à cordes africains, du banjo, des chœurs et surtout la sublime, toujours sublime, voix de Robert Plant, plus aérienne et nuancée que jamais. Au casque, le disque est carrément magistral alors qu’étrangement, quand je l’écoute sur mes enceintes, il me barbe un peu…