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19/02/2016

Les casseurs de bonheurs simples

Si je voulais paraphraser la vieille chanson folk de Mélanie et son mélancolique « What have they done to my song, Ma ? » je pourrais geindre à mon tour ce refrain « Qu’est-ce qu’ils ont fait de mon troquet ? »

Je ne suis pas un pilier de bistro mais j’aimais bien aller de temps à autre dans cette brasserie proche de mon domicile pour y boire un café le matin, ou en journée accompagné de ma compagne pour une glace surmontée de crème chantilly en été. C’est aussi là que notre Club (quatre amis depuis le lycée) se réunissait devant une pizza et un certain nombre de bières plusieurs fois par an, pour évoquer souvenirs et autres points communs tournant souvent autour de la musique rock.

Une terrasse accueillante à la belle saison et à l’intérieur, des box et banquettes de velours donnaient un air cosy à cet endroit charmant qui savait aussi diffuser en sourdine une musique dans mes goûts. Les patrons étaient agréables sans être envahissants, bref l’adresse était bonne.

Et patatras ! Depuis plus d’un an, de jour au lendemain, le café a fermé sans que j’en sache exactement la raison, même si des rumeurs en tout genre ont circulé. J’espérais qu’un repreneur ranime l’enseigne, en vain. Il y a un mois, un panneau de permis de construire est apparu sur la façade mais sans préciser la nature des travaux. Ca bougeait donc, j’étais aux aguets. Et puis lundi les ouvriers sont arrivés pour tout démolir. Je me suis renseigné sur le futur des lieux.

Triste nouvelle, la brasserie est morte, définitivement morte. Bientôt se dressera ici, une très grande pharmacie, deux apothicaires du quartier se réunissant pour n’en faire plus qu’un. Tout un symbole, convivialité et discussions de bistro abandonnées au profit des ordonnances de prescriptions individuelles pour des anxiolytiques et autres sédatifs… Les casseurs de bonheurs simples ont encore frappé. Quelle triste époque !  

 

 

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