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04/05/2016

On me demande ce que je fais

Souvent on me demande ce que je fais. Ce que je fais de mes journées depuis que je suis à la retraite, s’entend. J’ai horreur de cette question car je n’ai rien à y répondre. Les gens qui la posent s’attendent toujours à des réponses qui permettront d’embrayer sur une discussion passionnante, genre, je voyage beaucoup, je bosse pour une association humanitaire, je fais du jardinage… et là chacun pourrait y aller de ses commentaires, et patati et patata. Pas de pot, moi je ne fais rien et comme je n’ai pas terminé de le faire, ça risque de durer encore longtemps !

Je ne fais rien, assez facilement et sans forcer mon talent. Chez moi c’est carrément un don inné, du moment que je suis bien, rien ne me motive assez pour « faire ». Je suis le genre de gars qui se contente de peu, faisant avec ce qu’il a. Une balade dans la nature, une pile de bouquins à lire et je suis heureux comme un pape. Evidemment ça ne rentre pas vraiment dans les critères de l’époque qui voudrait que les petits vieux ne soient jamais vieux, qu’ils s’activent tennis aux pieds ou appareil photo en bandoulière aux quatre coins du monde.

Souvent on s’imagine que ne rien faire serait chiant. Ce n’est pas faux et c’est bien pour cela qu’il faut un certain talent pour y parvenir. Ceux qui ne le comprennent pas sont ceux qui n’ont pas de vie intérieure ou spirituelle assez riche pour combler le vide qui les submerge quand ils ne font rien. Se retrouver seul avec soi-même n’est pas rien, c’est un peu comme être au bord d’un gouffre profond tentant de vous aspirer et y sombrer devient une catastrophe du type dépression et son cortège de maux irrémédiables. Par contre, celui qui trouve à s’occuper avec son moi profond, ne connait pas cette situation.

Dès lors, vivre avec soi devient le plus souvent plus plaisant que de vivre avec les autres. Finis les contraintes, les conciliations et tous ces petits emmerdements qu’impliquent la société avec nos semblables. On ne fait que ce que l’on veut, rien par exemple, puisque personne ne vient vous tarabuster avec fais-ci, fais-ça, fais pas ci, fais pas ça.

Alors quand on me demande ce que je fais, je ne réponds jamais à la question mais en fait je mène un long combat sans fin, consistant à savoir vivre avec moi-même en paix. Et croyez moi, ce n’est pas rien.  

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