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28/09/2008

Un petit grain

Le ciel est parfaitement bleu, le soleil brille tant qu’il peut, dimanche matin magnifique, le moral est à son zénith, l’envie de sortir nous taraude sans plus attendre. Promenade sans but précis dans la ville silencieuse à l’heure des grasses matinées, traversée des parcs publics où les chiens en laisse font leurs petites cochonneries sous l’œil émerveillé de leurs maîtres qui se remémorent la sentence digne de Diafoirus « qui chie bien, va bien ». Les joggers lâchés dans la ville se répandent sur le macadam la gambette plus ou moins bien galbée, dans des processions ahanantes et suante, plus tard la musique métallique des moyeux et dérailleurs bien huilés des pelotons du dimanche viendra compléter le tableau. Nous déambulons, profitant de la douce chaleur du soleil montant, sans nous rendre compte que nos pas emboîtent un courant encore indistinct, d’hommes et de femmes qui semblent se diriger tous vers un lieu précis. Il est encore trop tôt pour la messe dominicale, il n’est pas l’heure du salut de l’âme, par contre il est déjà temps de penser au confort de l’estomac, cabas et paniers à roulettes se hâtent vers le marché. Tout comme les pigeons se regroupent autour d’un maigre quignon de pain, une partie de la ville crée une foule dense sous la verrière du bâtiment où les charcutiers, poissonniers et marchands de légumes exposent leurs produits en pyramides ou étalages plus appétissants les uns que les autres. Autour du hangar à bouffe, les marchands de DVD et de fringues, une sous caste des professionnels des marchés, tentent de fourguer leurs produits. Nous entrons dans le temple, la cérémonie est commencée depuis longtemps déjà, les files sont plus ou moins longues devant les commerçants, certains attirent par leur boniment humoristique, d’autres repoussent par leurs prix trop élevés ou la qualité de leurs produits, d’un coup d’œil circulaire rapide, les bons artisans sont distingués des mauvais. On se hèle dans les allées, on se heurte dans les travées, certains tentent de resquiller dans la queue, d’autres veulent goûter à tout avant d’acheter, on tend de gros billets en s’excusant de ne pas avoir la monnaie, on pèse, on découpe, on tranche, des prix sont annoncés, des remises sont proposées, on bavarde avec l’un tout en servant une autre. Des lièvres et des volailles pendus au-dessus des étals nous rappellent – un court instant – qu’il y a peu encore ils courraient ou caquetaient heureux d’être vivants. Un espadon entier sur un lit de glace, attire le regard des gamins. Puisque nous sommes ici, j’achète une énorme grappe de raisin « Vous m’en direz des nouvelles ! » m’a prévenu le vendeur en me tendant quelques grains afin que je vérifie ses dires. Nous repartons, lesté de mon kilo de fruits, j’applique la méthode des aérostiers, je commence à grappiller dans le sac, tout ce qui est mangé allège mon fardeau et facilite notre retour. Soit la route était longue, soit j’ai trop plongé ma main dans le sac, toujours est-il que le raisin était si bon, qu’il n’en restait pas un grain quand nous sommes rentrés chez nous.