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06/07/2009

Le Chemin de Fer de la Baie de Somme

loco.jpgNous prenons le Chemin de Fer de la Baie de Somme pour rallier le Crotoy à Saint-Valery-sur -Somme. C'est grâce à des bénévoles amoureux des trains qu'en 1970 la ligne Le Crotoy, Noyelles, Saint-Valéry-sur-Somme, Cayeux-sur-Mer a revu le jour. Six locomotives d'époque dont je donne les références pour les amoureux de la chose ferroviaire, une Corpet-Louvet de 1906 et une de 1927, une Cail de 1889, une Buffaud-Robatel de 1909, une Haine St-Pierre de 1921 et une Fives-Lille de 1909, ainsi qu'une vingtaine de wagons d'un autre âge permettent lors d'un fabuleux voyage d'une heure, de remonter dans le temps, puisque la ligne date de 1887.

A cette époque le train transportait les touristes parmi lesquels on vit Colette, Victor Hugo, Jules Verne, Anatole France, Marcel Proust et tant d'autres, vers les stations balnéaires de la baie de Somme ainsi que les productions locales, à savoir galets de Cayeux, betteraves et coques. Durant les années 60 la concurrence de la route fut fatale au petit train et il fallut attendre une dizaine d'années pour que les locos reprennent du service.

banquette.jpgPassagers d'un tortillard de la Belle Epoque, assis sur des banquettes de bois, nous contournons la Baie à travers champs où paissent les vaches et les chevaux Henson (une race locale), au milieu du marais peuplé de cygnes sauvages, d'échassiers divers et autres oiseaux limicoles et les prés salés où broutent les moutons à têtes noires et leurs agneaux. Pour les oiseaux c'est un paradis car les terrains humides voient pousser roseaux, ajoncs et herbes aquatiques ; canaux, fossés et mares sont nombreux et les oiseaux trouvent facilement de quoi se nourrir dans la vase et la tourbe. Le train à vapeur va son petit bonhomme de chemin, à une vingtaine de kilomètres heure maximum.

Halte à Noyelles pour faire le plein d'eau et une manœuvre ferroviaire permettant à la locomotive de passer de l'avant du train à l'arrière pour ensuite rebrousser chemin vers un nouvel embranchement. Tout le long du trajet, la machine siffle à l'approche des passages à niveau et les automobilistes hilares nous saluent de grands mouvements de bras. Fenêtres et portes ouvertes nous filons entre les haies, débusquant des oiseaux qui s'échappent vitement. Nous arrivons beaucoup trop rapidement à Saint-Valery-sur Somme, notre destination, après une heure de trajet.

moutons.jpgAprès la visite de la ville nous attendons le train du retour. Bientôt nous apercevons loin au fond de la baie un convoi qui s'ébranle lentement lâchant sa vapeur blanche. Quand le train entre en ville, les badauds s'attroupent et mitraillent pour immortaliser l'évènement qui leur rappelle leur jeunesse, celle des départs en vacances en train ou bien encore ces images de westerns où des tortillards quittent la gare dans une effervescence heureuse avant de se voir attaquer par des brigands sans scrupules ou des peaux-rouges emplumés. A cours du périple nous devrons stopper quelques instants en plein champ car un troupeau de moutons et d'agneaux a envahi les voies. Des marchepieds et des fenêtres grandes ouvertes, tous les passagers braquent leurs appareils photos sur les ovins devenues vedettes du voyage.

Arrivés au Crotoy nous sortons par la petite gare refaite à neuf comme à l'époque, avec ses vielles valises entassées sur des chariots à bras et son guichet à l'ancienne. Quand nous nous éloignons, nous entendons encore la vielle locomotive siffler et cracher sa fumée, fière d'avoir encore pu à son âge transporter - de bonheur - tout son petit monde.  

adieu.jpg