29/04/2007
Mon vieux Libé
Avec les congés du printemps mon rythme de vie à changé, actualité oblige et plaisir quotidien m’ont fait troquer Le Monde que j’achetais le soir en rentrant du boulot, pour Libération que j’achète le matin et lis sur ma terrasse à l’ombre sous le store déployé, un mug de café à portée de main. L’évènement peut paraître anodin mais en fait il a ressuscité en moi de vieux souvenirs débutant dans les années 70 quand je lisais Libé tous les jours, achat addictif, accroché à « mon » journal, ma bible. Et je me souviens de ses unes percutantes, de ses titres claquant comme des étendards au vent, de ses papiers polémiques et parfois outranciers offrant un contrepoids salvateur à l’information tenue en laisse des médias classiques. L’époque aussi des « fameuses » petites annonces où la liberté était totale (et le mot est faible), des notes des claviéristes qui donnaient leur avis à l’intérieur des articles des journalistes (vous imaginez ??), des pages culturelles où l’excès et la provoc nous ouvraient de nouvelles portes vers des mondes underground merveilleux (pour ceux qui savaient où ne pas aller trop loin) et m’envoyaient voir des expositions ou spectacles ahurissants, des critiques de disques ou cinéma de Bayon qui me rendaient furieux mais que je ne pouvais m’empêcher de lire consciencieusement, des comptes-rendus des folles nuits parisiennes par Alain Pacadis qui y mettait du sien dans les backrooms et bien entendu des éditos de Serge July. Je n’oublie pas l’encre noire et grasse qui tachait les mains et me faisait pester… Après il y eut l’évolution de la société et mille autres raisons plus économiques qui accélérèrent la chute du titre et dont j’ai ma part de responsabilité puisque ne me retrouvant plus dans ce journal je l’ai abandonné, avec regrets certes, mais abandonné quand même. Oh ! Bien sûr, le Libé d’aujourd’hui n’est plus celui de ma jeunesse, mais moi-même j’ai bien changé aussi, alors relire maintenant mon vieux journal qui vivote, c’est comme retrouver un ami perdu de vue après les années de lycée ou de fac’. "Qu’est-ce que tu deviens ? Je suis marié, j’ai un grand gamin et un job sympa, je suis casé quoi. Et toi ? Bah ! Moi aussi… Faudrait qu’on se fasse une bouffe un de ces jours, tu m’appelles, je compte sur toi hein ? Allez, ciao ! A plus !"
13:35 Publié dans Echos de ma vie | Tags : Libération, Libé | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |