Le grand cormoran

Mercredi, le plein beau soleil de septembre ne pouvait que m’inciter à retourner une fois encore dans le Parc Royal de Marly, y faire le plein d’oxygène et de calme. A tout hasard j’avais pris mon matériel de photoreporter, au cas où.

Avant de sillonner les allées et le sous-bois, mon premier réflexe consiste toujours à me diriger droit sur le grand bassin. Outre ses habituels locataires, canards et bernaches, parfois un oiseau voyageur s’accorde une halte de quelques heures ou jours dans ce havre de paix. C’est ce que j’ai pu constater une fois encore ce jour-là.

En plein milieu du bassin, perché sur l’extrémité émergente du tuyau du grand jet, une silhouette élancée et connue prenait le soleil, tranquille et sans crainte. Un grand cormoran, car c’est de lui qu’il s’agit, prenait ses aises ici comme un propriétaire. Ces oiseaux ne sont pas de vrais migrateurs mais de septembre à octobre (et de février à avril) ils errent dans tout le pays, au bord des eaux douces ou salées, souvent rejoints par les oiseaux nordiques.

Gros comme une oie mais en plus élancé, le grand cormoran a le plumage noir avec des reflets vert pourpre métallique, le haut du cou et les côtés de la tête blancs, des pattes noires, le bec brun clair à pointe crochue ; la peau nue de la gorge et les commissures du bec sont jaunes. En vol, son long cou tendu est caractéristique, « … cormorans plongeurs dont le cou sinueux évoque un serpent ailé… » comme l’écrivait Claude Lévi-Strauss dans Tristes Tropiques.  

La majorité de ces oiseaux nichent le long des côtes (Bretagne, Cotentin, Manche) mais des sous-espèces ont commencé depuis les années 80 à s’installer à l’intérieur des terres. Le nid est souvent volumineux, fait des matériaux apportés par le mâle mais construit par la femelle. Branchages de taille décroissante de la base au sommet, la cuvette est tapissée de végétaux divers, algues et débris. La ponte a lieu en avril-mai et se compose de 3 ou 4 œufs. Ils sont couvés 4 semaines par les deux parents, le séjour des jeunes au nid est de 5 semaines et ils volent vers deux mois.

Ils se nourrissent quasi exclusivement de poissons (ou bien de crustacés et algues) qu’ils peuvent aller chercher grâce à des plongeons jusqu’à 15 mètres sous l’eau ! Au Japon, on sait les utiliser pour la pêche.