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11/06/2015

La mer qu’on voit danser

J’aime les bords de mer et chaque année il me faut au moins une semaine de séjour auprès d’elle, pour me régénérer. Comme un besoin vital que je ne m’explique pas puisque Parisien, je n’ai jamais eu de contact privilégié avec les flots bleus. J’aime la montagne, j’aime la campagne énormément mais la mer, c’est autre chose en plus. La semaine dernière j’étais donc parti faire ma cure annuelle, en Normandie, dans ma station balnéaire favorite depuis plusieurs années maintenant.

Le plus étonnant dans tout cela, c’est que si ce besoin de mer m’est vital, il ne s’agit pas pour moi de me baigner ou de me tremper dans ses eaux comme un nouveau converti qu’on baptise ; sa vue seule me suffit. J’ai donc passé mon temps sur l’un de ces nouveaux bancs très confortables, installés le long de la promenade du bord de mer, à contempler sans répit le jeu des marées, les flots qui montent et grignotent le sable de la plage, puis les eaux qui se retirent, si loin qu’on pourrait craindre qu’elles ne reviennent plus.

Au fil des heures, nuages, ciel et soleil, génèrent des luminosités incroyables qui se réverbèrent sur la mer. Les couleurs varient, en quelques instants à peine, un bleu devient un vert, une zone claire se mue en zone foncée, la frontière entre cieux et eaux se fait indistincte. On comprend que les peintres aient été, de tout temps, nombreux dans le coin à exercer leurs talents. Parfois la mer est étale, parfois des vagues l’agitent et s’échouent sur la plage en écumant de rage et le ressac permanent s’avère avoir un effet hypnotique autant qu’apaisant sur le contemplateur que je suis.

La mer, se sont aussi les mouettes. Comme des garde-côtes, dans leurs uniformes d’un blanc impeccable,  elles survolent le rivage, surveillant le secteur avec attention. Profitant des courants aériens, elles n’ont pas besoin d’agiter beaucoup leurs ailes, en vols planés sublimes elles vont et viennent, lâchant de-ci un cri rauque, de-là une merde blanchâtre. Et quand par jeu très certainement, elles se risquent à voler face au vent, l’observateur a l’impression qu’elles font du sur-place, figées dans l’espace durant quelques secondes avant que d’un bref mouvement d’ailes, les oiseaux ne dérivent vers ailleurs.

La mouette et le goéland ne sont pas les seuls volatiles du secteur. Il y a aussi le cormoran, ce grand oiseau noir et mince qui m’évoque soit Batman, dans son costume nocturne, soit le Christ en croix quand perché sur un ponton ou un récif, les ailes largement déployées ils les offre au soleil pour un séchage parfait. A cet oiseau noir s’ajoute un oiseau blanc extrêmement élégant, l’aigrette garzette. Un petit échassier qui loge dans l’estuaire de la Dives, et plus précisément aux abords de la passerelle qui l’enjambe pour relier Cabourg à Port Guillaume. Entre deux stations immobiles qui peuvent paraître longues, elle s’avance à pas comptés sur ses frêles pattes dans le peu d’eau du bord de rive, son long cou se dandinant comme font les chameaux, puis d’un mouvement brusque pique de son bec pointu, une petite proie passée trop près. Quand la zone ne lui convient plus, elle s’éloigne de quelques centaines de mètres, d’un coup d’ailes, comme une petite cigogne.

Tous les ans je m’offre ce même spectacle et je ne m’en lasse jamais. Tous les ans je retrouve mon aigrette au même endroit et je m’inquiète déjà du jour où elle ne sera plus au rendez-vous…