Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/12/2007

Cologne

860d6f7bda43fa2f0dbc020faab596a2.jpgDès que les grèves des transports de la mi-novembre ont cessé j’ai couru acheter mon billet. Je ne fais pas partie de ceux qui recherchent le soleil et la chaleur de l’hémisphère sud alors que nous sommes ici en hiver. Au contraire, à mon avis chaque saison doit être vécue pleinement. Donc en décembre, aller vers l’est pour profiter des vitrines et marchés de Noël sous une éventuelle averse de neige me semble tout indiqué. Le Thalys s’enfonce dans la grisaille de la campagne française. Les cultures hibernent, les champs semblent abandonnés et seuls quelques bandes de corbeaux errent sur la plaine, bosquets d’arbres transis, étangs, éoliennes qui s’agitent lentement et silencieusement à notre passage, le train est indifférent au paysage. Un canal bordé de maisons en briques rouges trahit notre entrée en Belgique, nous approchons de Bruxelles. Bien que ce soit le début de l’après-midi, on croirait que la nuit arrive déjà. Le ciel bas et le crachin qui tombe engloutissent dans la tristesse les villages et les champs qui filent. Nouvel arrêt à Liège puis nous nous traînons jusqu’à Aix-la-Chapelle à travers des décors sans intérêt notable. Ultime étape et but de mon périple, Cologne. Quand on arrive à Venise par le train ce qui surprend le voyageur c’est qu’au pied du grand escalier de sortie, le canal et ses vaporetto vous attendent comme les taxis à la gare du Nord à Paris ; ici, à Cologne dès la porte du hall franchie on est tout de suite écrasé par la présence de la cathédrale. La gare au pied des marches qui montent au parvis accentue la démesure du monument. Impressionnant. Mon hôtel lui, a une porte dans la gare même et une autre sur le parvis. J’aurai pu venir en chaussons de Paris jusqu’à ma chambre…

Ma première visite sera donc pour cette cathédrale (DOM) mondialement connue où se pressent des foules cosmopolites. En dehors de son gigantisme, deux tours de 157 mètres, ce qui frappe, c’est sa saleté, la pierre est toute noire et malgré les sommes colossales dépensées chaque année pour la nettoyer, rien n’y fait car elle est trop fragile. A l’intérieur, piliers très fins et vitraux monumentaux eux aussi. Je m’enfonce dans la ville, attiré par les lumières à l’instar des lucioles, longues artères piétonnes et commerçantes comme partout, mêmes enseignes, mêmes types de magasins et d’articles qu’ailleurs. Avec les prix affichés en euros on se croirait n’importe où en Europe, je n’ai pas le plaisir de me prendre la tête avec des conversions approximatives ou de recompter mes pièces de monnaie pour mesurer mon pécule. Si je vais à l’étranger c’est pour y voir autre chose que ce qu’il y a en France ! Les aspects négatifs de la mondialisation, en supposant qu’il y eût des aspects positifs. Il pleut et il fait froid.

Les quelques heures de visite d’hier m’ont déçu aussi j’attends beaucoup de cette journée. La lumière du jour donnera peut-être meilleure mine à la ville. Parcours dans la vieille ville où subsistent quelques vestiges Romains, la place du Vieux Marché et l’ancien Hôtel de Ville dans le ghetto Juif qui fut ravagé par un incendie lors d’un pogrom en 1349, la place du marché aux Poissons au bout de la rue Lintgasse qui donne sur les bords du Rhin, majestueux, large aux hautes eaux boueuses. Des navires sont amarrés au quai, prêts pour des excursions quand les beaux jours seront revenus. Il bruine encore – la fameuse eau de Cologne certainement -  gants et casquettes ne sont pas superflus. Des tuyaux de métal bleu, comme un pipe-line à deux mètres du sol, courent le long des rues, intrigué je me renseigne à l’Office du Tourisme, sur ces tubulures qui enlaidissent la ville, il s’agit d’évacuations pour la construction d’une nouvelle ligne de métro, me répond interloqué par l’incongruité de ma question le préposé au guichet, un jeunot qui n’a encore rien vu. Quand l’heure du casse-croûte sonne à la cathédrale, la taverne Brauhaus Sion rue Unter Taschenmacher me semble tout indiquée. Fenêtres vitrail, grandes salles lambrissées, tables en bois, lustres rustiques et décoration chargée. On s’assoit où l’on veut, sur un coin de table, des tas de couverts et serviettes en papier, on se sert pour dresser sa table. Déjà un Köbes, serveur en tablier bleu, s’approche avec sa couronne, le plateau à poignée qui contient les verres, vous proposer votre premier verre de Kölsch la bière locale, très légère et servie dans des verres flûtes de 20cl, renouvelés dès qu’ils sont vides. Et ils sont vite vides ! La carte est longue de spécialités roboratives où le cochon se met en quatre (et plus) pour vous allécher, encadré par les pommes de terre et la choucroute sous toutes ses formes. Le jarret de porc, les saucisses dont la liste est longue comme le bottin de ma ville, le boudin et le chou rouge, de la vraie nourriture revigorante pour le voyageur qui a déambulé toute la matinée dans les rues froides et sachant qu’un repas sans dessert est une injure à la gastronomie, une belle part de strudel aux pommes, bien épais et tiède, baignant dans sa crème vanillée termine en beauté ce qui ressemble à une épreuve de goinfrerie, je vous le concède, mais quand on va à l’étranger il est normal de goûter aux spécialités locales. C’est une question de politesse vis à vis de l’autochtone.

Je flâne dans les boutiques à la recherche de quelques cadeaux en vue des fêtes qui approchent. Il y a plusieurs marchés de Noël dans la ville, dont un médiéval, dressé au bord du Rhin, près du musée du Chocolat (Museum für Geschichte und Gegenwart der Schokolate), aligne une vingtaine de tentes où des babas en costumes d’époque, poulaines, tuniques et peaux de mouton, proposent une quincaillerie New Age assez bidon, alors que d’autres jouent les artisans, tressage de paniers en osier, maréchal-ferrant etc. En plus l’entrée est payante ! Je me console dans un salon de thé, devant une de ces énormes part de gâteau au chocolat surmonté d’une avalanche de crème Chantilly sur laquelle trône une cerise confite, dont les Allemands (et Autrichiens) ont le secret. Beaucoup plus tard, avant de rentrer à l’hôtel, au milieu des petits chalets de bois illuminés d’un marché de Noël à AlterMarkt j’avale un verre de vin chaud dont les douces effluves de cannelle étaient irrésistibles. Gastronomiquement parlant j’ai rempli mon contrat, car j’ai goûté tout ce qui était possible en si peu de temps, mais la ville m’a déçu, peut-être que l’été lui réussit mieux ?