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23/12/2007

Le patronage

Parigot de naissance, j’ai passé ma tendre enfance dans le neuvième arrondissement, entre la rue Cadet siège maçonnique du Grand Orient de France et les Folies Bergères plus loin dans la rue Richer. Entre le compas dans une main et les plumes dans le cul mon avenir s’annonçait sous les meilleurs auspices. Comme beaucoup de mes copains de cette époque, mon temps d’apprentissage se partageait entre l’école de garçons – la mixité n’était pas encore la norme – de la rue de la Victoire et le catéchisme dispensé par un abbé de l’église Sainte-Cécile. C’est lors de ces séances que l’abbé nous rendait nos cartes de « pointage » déposées le dimanche matin à l’église dans un panier d’osier réservé à cet effet, preuve de notre présence à la messe. Gare à ceux absents qui ne pouvaient se justifier. Si nous partions en vacances, nous devions faire émarger ces cartes par le curé local ! Afin de m’occuper les jeudis après-midis, jour de relâche scolaire quand j’étais gamin, et de me sortir des jupes de ma mère, mes parents m’avaient inscrit au patronage de la paroisse. Je n’ai conservé qu’un souvenir très flou du lieu, mais il s’agissait d’un rez-de-chaussée de maison avec un jardin. Peut-être le presbytère de l’église ou du moins un bâtiment en dépendant ? Quand il faisait beau nous y jouions au ballon et à l’heure du goûter nous pouvions échanger nos pièces de monnaie contre des friandises ou de petits gâteaux vendus sur place, les moins fortunés se contentant de ce que leur maman avait mis dans leur sac. Je me rappelle encore avec émotion du goût des Pim’s ces gâteaux ronds nappant de chocolat une génoise à l’orange que je m’offrais parfois … Mais ce que nous préférions tous, c’était les jeudis où l’abbé nous projetait un film. Dans la grande pièce nous installions les chaises en rangs tandis que le prêtre tendait un écran devant nous avant de s’installer derrière son projecteur super-8. La lumière s’éteignait, le faisceau lumineux du projo s’écrasait sur le drap tendu et le flap-flap régulier de la bobine dévidant le film nous accompagnait durant toute la séance. Je suppose que c’est là que j’y ai vu mes premiers Laurel & Hardy, Charlot ou Buster Keaton. De bonnes bases en somme. Ce dont je me souviens aussi, c’est qu’après le patronage, vers 16h ou 17h, ma mémoire n’est pas assez précise, je rentrais chez moi en courant, car l’unique chaîne de télévision de l’époque diffusait un épisode de Zorro que je n’aurais raté pour rien au monde. Bernardo qui ne parlait pas, le sergent Garcia qui en disait trop, le Z qui veut dire Zorro … toute une époque.