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05/09/2007

Le jardin du Luxembourg

bf7413a5d88b3f9b8f2a768ee569c93e.jpgJ’adore Paris. Je sais, c’est un peu bébête comme déclaration mais c’est la vérité et la vérité n’a pas à se travestir dans des circonvolutions de langage ou des périphrases qui noient le poisson. Je suis né à Paris, je travaille dans la capitale mais dieu merci je n’y habite pas. La beauté de la cité m’attire à un point tel qu’il n’est pas rare le samedi matin que j’en sillonne les rues pour le simple plaisir de la découverte ou au contraire pour revoir encore et encore ces décors fabuleux. Aujourd’hui je vous livre l’un de mes trajets favoris maintes fois parcouru. De la gare Saint-Lazare, ma gare suis-je tenté de dire, car toute ma vie mes déménagements en banlieue m’ont toujours échoué à proximité d’une station ferroviaire reliant Paris par cette gare chère aux Impressionnistes, je saute dans le bus n° 27 l’un de ces véhicules double-corps fierté de la RATP. La traversée de Paris en bus est un classique du voyage parisien à ne pas manquer. Après avoir tangenté les Grands Magasins et caressé l’Opéra nous plongeons vers le Palais Royal, l’énorme véhicule se glisse dans le Louvre entre la Pyramide en verre à gauche et le Carrousel à droite, dont les chevaux aux ors restaurés brillent de milles feux face aux objectifs numériques des touristes étourdis devant tant de beauté. Le Quai du Louvre avec la Seine à main droite, les péniches et les bateaux-mouches, les cases bourrées de livres des bouquinistes où l’on ne fait plus guère d’affaires. Nous traversons le fleuve devant les bâtiments de la défunte Samaritaine, le Pont Neuf l’est effectivement depuis qu’il a été ravalé, le bus tourne à gauche, Palais de Justice, Quai des Orfèvres, La Tour Pointue , Maigret nous regarde passer de la fenêtre de son bureau. Nous sortons de l’Île de la Cité , place Saint-Michel, la fontaine mythique où l’on se donne rendez-vous depuis des lustres, remontons le boulevard Saint-Michel seuls face au flot de voitures qui le descend pour se ruer sur la place du Châtelet avant d’enfiler la rue de Rivoli. A peine le temps d’apercevoir les ruelles du Quartier Latin où jadis je me goinfrais de sandwiches grecs, les commerces de jeans, les soldeurs de disques ou de livres et leur grand maître Gibert Jeune dont une des boutiques, à l’angle de la rue des Ecoles est une véritable caverne d’Ali Baba pour moi, puisque j’y trouve tous les CD dont je peux rêver et même plus dans un joyeux bordel qui évoque l’ancien sous-sol du Bhv. A gauche la Sorbonne et enfin le jardin du Luxembourg. Je demande l’arrêt. Parfois les grilles du parc qui courent rue de Vaugirard accueillent les clichés géants d’une exposition de photos. J’entre en faisant attention à ne pas percuter l’un des nombreux parisiens venus faire leur jogging du samedi matin. Anecdote, une fois j’y ai vu l’acteur Fabrice Lucchini prendre sa suée, Nike aux pieds. Les marronniers touffus ombragent les allées menant vers la terrasse qui surplombe le bassin et les pelouses fleuries face au Palais du Luxembourg où siège le Sénat. Depuis toujours le bassin accueille les voiliers des enfants et les maquettes plus sophistiquées de leurs papas. Je m’installe dans un fauteuil métallique, dos au soleil, pour profiter de la pelouse centrale et des massifs fleuris. Les pigeons accourent dans l’espoir d’un profit, suivis de près par les moineaux tout aussi téméraires. Au loin, un groupe de personnes de tous âges s’agitent au ralenti dans une chorégraphie millénaire, le Tai-chi. Je reprends ma marche, attiré par l’odeur du crottin qui trahi les poneys et les ânes qui baladent des gamins ravis alors qu’à quelques dizaines de mètres un plop ! plop ! régulier annonce des sportifs qui échangent quelques balles sur les courts de tennis. Pour d’autres ce seront des parties d’échecs silencieuse tandis qu’il en est qui préfèrent bronzer autour de l’Orangeraie. Nous sommes en pleine ville mais les bruits sont estompés et chacun joue à faire semblant de croire qu’il est à la campagne. Il est temps de repartir, j’emprunte la rue Guynemer qui me descend vers la fontaine de la place Saint-Sulpice où les touristes, guide en main, cherche les traces de leur lecture du Da Vinci Code. Le luxe bourgeois de la rue Bonaparte se traduit par la cohabitation paradoxale d’antiquités et de mode, déjà j’entrevois la Seine et le quai Malaquais. Le Pont du Carrousel, rive gauche-rive droite, la vue est superbe, Paris est réellement une des plus belles villes du monde. Je traverse rapidement le Louvre par une cour pavée afin de rejoindre le Palais-Royal car il est largement l’heure de déjeuner, j’hésite entre une salade dans une brasserie ou des sushis dans un des nombreux Japonais du quartier. Digestion dans les jardins du Palais-Royal et sous les arcades, flânant devant des échoppes vieillottes où l’on vend des médailles militaires, des boites à musique ou des tableaux. Les colonnes de Buren comme une forêt d’arbres pétrifiés attirent encore quelques curieux. Je poursuis ma route, l’avenue de l’Opéra avec le Palais Garnier en ligne de mire ; pour échapper au flot des piétons je bifurque sur la gauche et le fameux Harry’s Bar pour rejoindre le boulevard des Capucines et l’Olympia qui me rappelle de bons souvenirs musicaux. Déjà le quartier des grands magasins, Printemps et Galeries Lafayette, les trottoirs débordent de monde, la gare Saint-Lazare est toute proche maintenant, j’aperçois l’étrange sculpture moderne de valises empilées, je peux m’écrouler enfin sur la banquette du train qui me ramène dans ma banlieue verte.
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