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07/04/2007

Radio nostalgie

Grâce aux « nouvelles technologies » (le fameux euphémisme hypocrite désignant des téléchargements illégaux sur Internet) je me suis concocté une compilation des titres qui ont enchanté mon enfance quand, rentré de l’école, je m’attelais à mes devoirs, mon petit poste à transistors branché sur Salut Les Copains. Il fût un temps où j’aurais nié même sous la torture avoir jamais écouté certains de ces morceaux, mais aujourd’hui et à mon âge j’ai dépassé ces hontes adolescentes qui me brimaient auprès des copains dans mes goûts éclectiques. Ici, pas de Stones, Beatles ou Hendrix qui sont mon pain quotidien, mais des artistes français (j’ai en projet une future compilation anglo-saxonne construite sur le même précepte) qui ont bercé le développement de mes jeunes oreilles et accompagnés mes premiers émois de jeune homme. Sans entrer trop précisément dans les détails, disons que les titres évoqués ci-après datent du milieu des années 60. C’était la musique de mes seize ans, donc la plus belle musique du monde. Si cette époque vous est chère suivez-moi, les autres peuvent passer leur chemin sans rancune, nous avons tous une tranche d’années qui a beaucoup compté dans notre vie. Commençons par le couple mythique, Johnny et Sylvie. Pour Sylvie Vartan, j’ai choisi Comme un Garçon, c’est gai, enlevé et la problématique du féminisme est déjà posé « comme un garçon, j’ai un blouson et un gros ceinturon, mais quand je suis dans tes bras je ne suis qu’une petite fille ». Et les bras ce sont ceux de Johnny Hallyday, on peut en rire, mais à l’époque il incarnait une certaine idée de la liberté, de l’émancipation et du rêve américain avec ses yeux bleus rieurs sous la mèche blonde. Mes chansons préférées (ce ne sont pas ses meilleures je le reconnais, mais je rappelle que ce n’est pas le but de ma compilation musicale) restent Aussi Dur Que Du Bois et ses sax bien gras sur une basse qui gronde, Johnny dans sa grandeur, son image du mec dur et ses cris qui faisaient hurler, de joie ses groupies, d’horreur leurs parents. Amour d’Eté, le slow qui tuait à cette époque et qui permettait d’équilibrer un disque 33 tours, des titres rapides et des titres lents pour faciliter les passages radios selon les heures de la journée. Avec Le Pénitencier on met le doigt sur un des grands débats philosophiques des années 60, version française ou version originale ? Ce titre est une adaptation en français du fameux classique House Of The Rising Sun et l’on peut volontiers préférer celle d’Eric Burdon and the Animals  il n’en reste pas moins vrai que c’est par Johnny que j’ai connu ce titre en premier. Enfin les deux derniers singles, Si J’étais Un Charpentier et San Francisco parce que j’ai toujours eu un faible pour le mouvement Hippie qui m’a ouvert des horizons infinis que ce soit littéraire avec Kerouac et ses disciples, philosophique avec les religions orientalistes, géographique avec l’idée de voyages et plus généralement avec le concept - qui à l’époque du boom économique semblait crédible – d’une vie belle, heureuse aux lendemains fleuris. Le disque défile et des titres un peu oubliés aujourd’hui ressurgissent, Les Neiges Du Kilimandjaro de Pascal Danel, un fameux tube en ce temps là, Gilles Marchal et son Je Suis Né Sous Une Etoile Filante  qui en le réécoutant me déçoit un peu, il a vraiment une voix de chèvre et à vouloir chanter dans des graves extrêmes fait craindre qu’il ne se casse quelque chose à hauteur de la pomme d’Adam. Bien sûr il y a Christophe avec ses Marionnettes, Michel Delpech et Chez Laurette  où il fait si bon passer un moment. Un intrus sur ce disque, car il est plus récent, mais la chanson est trop belle, carrément un chef d’œuvre pour moi, Dick Annegarn, le Hollandais francophone et son Bruxelles qui par sa mélodie me met la larme à l’œil. Dans le même registre émouvant, mon cœur de midinette ne résiste pas devant les quelques titres de Claude François que sont Dona Dona, J’y Pense Et Puis J’Oublie ou plus lacrymal encore Les Choses De Cette Maison. Heureusement pour la rigolade il y a Jacques Dutronc et son Et Moi Et Moi Et Moi, vient ensuite Nicoletta et Mamy Blue bien que j’aie le souvenir d’avoir préféré la version de Joël Daydé mais hélas je n’arrive pas à remettre la main dessus (si quelqu’un peut m’aider ….). René Joly quant à lui, n’aura pondu qu’un seul tube Chimène, devenu une véritable scie. « Même si je prends la peine Chimène, de t’écrire chaque semaine, même avec de la peine, si tu m’aimes un peu quand même … » on est loin de Verlaine mais qu’importe quand on est jeune, tous les garçons et les filles de mon âge etc. Je ne pouvais ignorer Adamo et son naïf Inch’Allah. Il chante encore dans les provinces et le problème palestinien n’est toujours pas réglé. Rien n’a changé en somme. Ce disque est francophone, donc Robert Charlebois y a sa place et quelle ! Avec Lindbergh il avait fait fort, le titre démarre lentement par des bruitages, puis les voix, sans qu’on comprenne très bien le début des paroles, d’ailleurs le reste du texte, mélange de poésie, de canadien ou de termes américains est assez abscons, mais le mariage de la voix du Robert avec celle de Louise Forestier est une réussite totale. Un must intemporel. Pour finir l’album, c’est le talent de Gainsbourg qui est mis à contribution. D’abord avec Brigitte Bardot en cuissardes et minijupe sur sa Harley Davidson au rythme haletant qui lui fait geindre « il me monte des désirs dans le creux de mes reins » ce que ce coquin de Serge explicitera d’avantage avec Jane Birkin dans Je T’Aime Moi Non Plus. Et là, il faut vraiment faire des efforts pour ne pas se la prendre à deux mains et se livrer à une luxure éhontée ! Encore plus fort que la petite pilule bleue ! Et nous terminons ainsi cette chronique comme elle avait commencé, c'est-à-dire avec un couple légendaire.