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08/01/2008

Je ne suis pas charitable

Le midi, après le repas à la cantine de l’entreprise, pour faciliter la digestion quoi de plus agréable que de savourer un express à la terrasse d’un café familier. Avec mon compère Bernard nous avons nos habitudes à La Comète , un troquet idéalement placé à un carrefour de Paris IV, quartier gratiné s’il en est. De notre poste d’observation pour peu que la météo soit favorable, le spectacle est fascinant et riche en enseignement sur la nature humaine. Ici défile toute la comédie humaine, porte folio de notre époque. Touristes en goguette le nez en l’air le guide en main, adolescents en bandes aux tribus bien distinctes, boudins ou canons faisant des efforts désespérés pour qu’on ne s’aperçoive pas qu’elles vérifient si les consommateurs à la terrasse du troquet les regardent passer. Homos discrets ou gays conquérants en représentation au passage du carrefour. Téléphone en main ou clippé sur l’oreille, I-pod apparent ou portable en bandoulière, l’Homo Erectus du XXIème siècle traverse la scène, affairé, vers un rendez-vous particulièrement important, l’œil aux aguets de son reflet dans ceux de ses congénères qu’il croise. Quelques allumés apportent une touche de nonsense dans ce vivarium constamment renouvelé, un poivrot ou un barjot sympathique comme celui que nous suivons particulièrement avec Bernard ; le cheveu en pétard, un éternel clope au bec, les fringues tout juste sorties du sèche-linge mais non repassées, il gesticule et parle tout seul, s’arrête, repart, disparaît puis revient, vedette durant un quart d’heure selon le concept Wharolien. Dans le genre allumés institutionnels nous savourons avec délice les jours où une paire de fliquettes et leur chef déboulent en trombe dans notre carrefour pour y régenter la circulation. Les ahurissantes règles du flux entre voitures, deux roues et piétons, qui à l’encontre de toute logique permettaient néanmoins à chacun de se mouvoir vite et où il l’entendait en prennent alors un coup sévère. Le képi en bataille, le sifflet à roulette et le bâton lancés dans une sarabande infernale et bruyante, le représentant de la Loi désarçonne les esprits les plus complaisants et plonge dans le doute absolu conducteurs et quidams qui n’entravent que couic ! à cet accès ostentatoire d’autorité ce qui a pour conséquence immédiate de créer un joli bordel devant nos yeux illuminés d’une joie enfantine à l’idée du spectacle grotesque auquel nous allons assister. Calés dans nos chaises en osier nous dégustons alors nos cafés avec la sérénité propice à cet instant délicieux.       

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