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08/07/2009

La colonne

J'ai lu dans Le Monde d'hier soir que le sculpteur britannique Antony Gormley utilisait depuis lundi un socle de statue situé à Trafalgar Square pour « dresser un portrait hétéroclite du Royaume-Uni aujourd'hui dans toutes ses formidables différences multi-culturelles ».

Il s'agit pour lui de faire défiler sur ce socle, qui lors de la création de la place en 1840 à Londres devait accueillir une statue de roi ou de général mais qui faute de moyens resta en l'état, pas moins de 2400 personnes. Chacune sélectionnée parmi des candidats anonymes, restera une heure exposée au vu de tous et aux intempéries et pourra utiliser ce temps à sa guise. Une jeune femme prévoit de poser nue, une autre costumée en pigeon géant, un type sera déguisé en vache etc. J'ai du mal à voir l'intérêt de cette exposition pour les candidats si ce n'est la satisfaction d'un ego démesuré ou plus certainement l'espoir de passer à la postérité ( ?) et accéder à un vedettariat fugitif devenu signe tangible de réussite dans la vie aujourd'hui. Le fameux concept Wharolien « du quart d'heure de gloire ». Ce que confirme sans fausse pudeur la première candidate qui « gardera les articles de journaux qui ont repris ses mots ou photographié sa prestation ».

La lecture édifiante de l'article m'a rappelé Siméon. Siméon le Stylite bien entendu. Les stylites étaient des ermites des débuts du Christianisme qui s'installaient au sommet d'une colonne pour y pratiquer leur perfectionnement spirituel. Des perfectionnistes de l'ascèse extrême qui ne mangeaient que ce que les pèlerins voulaient bien leur apporter et qu'ils récupéraient par un panier au bout d'une corde. Saint Siméon le Stylite est le plus connu de ces anachorètes puisqu'il vécut ainsi une quarantaine d'années en haut de sa colonne sans jamais en redescendre.

Entre les Londoniens d'aujourd'hui et le Siméon d'hier, les uns poussés par le paraître pour exister et l'autre poussé vers la solitude pour vivre sa foi, seule la colonne s'en sort indemne et innocente et mérite notre respect.