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05/07/2012

Sous le sabot d’un cheval

Je viens de trouver une pièce de deux euros et je n’en reviens toujours pas, « c’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup », comme si j’avais trouvé fortune sous le sabot d’un cheval.

Depuis l’arrivée de la « nouvelle » monnaie, hasard ou dure réalité, on ne trouve que très rarement des pièces par terre. Au mieux, vous pouvez récolter une piécette jaune orangée de un ou cinq centimes, mais c’est bien le diable si vous récoltez plus. Soit l’euro a rendu l’argent plus cher et chacun le garde serré au fond de sa poche, soit la misère rend les gens plus attentifs à ne pas égarer la plus petite menue monnaie, laquelle serait raflée dans la seconde par les vrais pauvres qui courent les rues, si ces décimales d’euro venaient à s’échapper hors de votre porte-monnaie. 

Ces deux euros doivent être ma récolte record depuis que le franc n’existe plus. Quand je me souviens des temps anciens, je mesure combien nos richesses se sont dilapidées. Gamin, disons autour de l’année 1960, il n’était pas rare de trouver un franc. Souvent dans les caniveaux vous pouviez même trouver plusieurs pièces. Les passagers des automobiles garées au bord du trottoir, laissant filer des pièces tombées de leurs poches de pantalon quand ils entraient ou sortaient de leurs bagnoles. Les marchés étaient aussi de bons coins, dans la bousculade des clients devant les étals et le rendu de monnaie par le commerçant, il arrivait souvent qu’une pièce se perde et pour la retrouver dans cette masse de pieds et de jambes, bonjour chez vous. Dans notre riche société de l’époque, ce n’était pas la mort, c’était perdre son temps que d’essayer de la récupérer et comme le temps c’est de l’argent, le jeu n’en valait pas la chandelle.

J’ai même le souvenir d’avoir trouvé des billets, le billet bleu de cinq francs voire de dix francs, mais j’avoue que c’était quand même rare et exceptionnel. Par contre, mon coup le plus fameux, dans les dernières années du franc, j’ai ramassé un billet de cinq cents francs ! Ce billet vert que je n’utilisais jamais, il traînait dans une allée des Galeries Lafayette du boulevard Haussmann. Ma main tremblait quand je l’ai empoché et ce n’est qu’une fois sorti du magasin que je l’ai examiné sous tous ses angles pour m’assurer qu’il n’était pas faux. Et encore, n’en étant pas réellement certain, j’ai hésité avant de le dépenser, le refourguant à un commerçant comme si de rien n’était, m’attendant à ce qu’il hurle « C’est un faux ! C’est un faux ! ». Le bonhomme n’en fit rien, son tiroir caisse engloutissant la coupure sans broncher.

Bref, c’était le bon temps, le fric se ramassait à la pelle, il suffisait de se baisser pour ainsi dire. C’est pourquoi on l’appela l’âge d’or.