24/06/2014
La cabane au fond du bois
Délaissant les allées cavalières, je m’étais engagé vers la partie haute du parc de Marly, zone tampon plus sauvage et préfigurant la forêt s’étendant jusqu’à Saint-Nom-la-Bretèche. Entré sous les arbres, je déambulais sans but sous les frondaisons, décors d’ombres et d’humidité latente sous les feuilles mortes et les branches cassées jonchant le sol. Un silence pesant de cathédrale, parfois impressionnant, rompu parfois d’un cri rauque de corneille me faisant tressaillir ou d’un bruissement de feuillages m’obligeant à me retourner pour vérifier que j’étais bien seul en ces lieux un peu lugubres.
J’ai l’imagination fertile, il m’en faut peu pour m’imaginer toutes sortes d’histoires ou aventures et la lecture des faits divers dans le journal n’est pas faite pour rasséréner les types dans mon genre. Plus prosaïquement, certains diront que je suis un pétochard… toujours est-il que j’avais hâte de sortir du bois et retrouver une allée ensoleillée !
C’est dans cet état d’esprit que j’ai aperçu une masse sombre, un peu plus loin devant moi, au bord du sentier sur lequel j’étais engagé. Sans être dissimulée, la chose se confondait parfaitement avec son environnement. Le pas moins sûr, je m’approchais scrutant le sous-bois en quête d’éléments d’information. Davy Crockett ou tout autre trappeur, n’eût pas été moins prudent, me rassurais-je, autant que faire se peut.
Bien vite je compris qu’il s’agissait d’une cabane. Etait-ce rassurant pour autant ? Les lapins habitent des terriers, les oiseaux des nids, seuls les hommes construisent des cabanes et quel genre d’humain irait se construire une cabane au fond d’un bois, si proche de la civilisation et dans un parc d’Etat, fermé la nuit ?
Attentif aux moindres bruits, les yeux écarquillés à la limite de l’exorbité, rien n’indiquait une présence alentour. Jolie cabane ! Toute de branches dressées et mêlées, comme un nid à l’envers pour ainsi dire, deux souches servant de sièges, la vaste cavité vue de près était plutôt accueillante. N’était l’ombre permanente et attristante, c’était un home sweet home rustique autant que rudimentaire mais propre à réveiller le vieux rêve de la cabane au fond des bois.
Je ne sais pas qui l’avait construite. Les branches utilisées m’ont semblé trop lourdes pour que de jeunes enfants en soient les auteurs. Je pencherais plutôt pour des agents forestiers ; ils ont beaucoup œuvré ces derniers mois pour nettoyer la forêt de ses broussailles et arbres mourant. J’imagine qu’ils se sont amusés à monter ce cabanon leur servant d’abri au moment de la pause déjeuner ou quand il pleuvait trop ?
05:00 Publié dans Echos de ma vie | Tags : cabane | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | |