Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/01/2011

Ma semaine télé du 3 au 9 janvier

Albert Raisner est décédé, encore une figure emblématique de ma jeunesse qui fout le camp. Il était de bon ton à une certaine époque de se moquer de lui mais c’est grâce à une émission comme Age tendre et tête de bois (1961-1966) et les yéyés que j’ai commencé à m’intéresser à la musique et aux rythmes anglo-saxons, la toute première marche du Stairway to Heaven qui conditionnera toute ma vie.

110110 Buche.jpgLundi, curieuse idée que de programmer en janvier un film typiquement de décembre, sur W9 La bûche (1999) de Danièle Thompson. On ne peut pas non plus s’arrêter à des détails de ce genre, aussi c’est avec plaisir que j’ai renoué avec la préparation du réveillon de Noël en compagnie de Charlotte Gainsbourg, Sabine Azéma dont on ne dira jamais assez de bien et Emmanuelle Béart. Une histoire de famille éclatée, de couples en décomposition et d’un frère inconnu qui fait son apparition. Loufoque, agaçant, tendre et émouvant, une comédie dramatique réussie.

Mercredi, bel effort de France2 qui programme un téléfilm complexe de Benoît Jacquot, Les faux-monnayeurs adaptation du roman de Gide. Je n’ai pas lu le roman, donc je ne peux pas comparer mais le plus difficile pour moi a été de voir des gamins d’une dizaine d’années se comporter comme des adultes avec des ambitions littéraires et sentimentales qui paraissaient factices. Ce qu’on peut accepter à la lecture (chacun se créant ses propres images mentales) passe moins facilement à l’écran où les images vous sont imposées. Des mioches en costard/cravate (d’accord, on se vêtait ainsi en 1930) discutant littérature tout en buvant du champagne pendant une réception mondaine ... Pourtant je suis resté jusqu’à la fin, car indéniablement il y avait là, la trace d’une œuvre forte et trouble même si le scénariste a du très certainement gommer (pédérastie entre l’oncle et le jeune Olivier ?) et élaguer beaucoup dans le texte d’origine dont André Gide voulait faire son testament littéraire « Il me faut, pour écrire bien ce livre, me persuader que c’est le seul roman et le dernier livre que j’écrirai. »  

110110 Jardin Alexandre.jpgJeudi sur France5 on ne s’est pas vraiment marré durant La grande librairie de François Busnel. Alexandre Jardin venait présenter son dernier ouvrage Des gens très bien, où il déballe sa vie familiale et le rôle de son grand-père durant la seconde guerre mondiale en tant que Directeur du cabinet de Pierre Laval et l’un des principaux responsables de la Rafle du Vel’d’Hiv. A voir le visage crispé de l’écrivain, on devine que le silence absolu qui régnait sur cette histoire dans sa famille et les questions d’ordre plus général, soulevées par ce fait – un homme ordinaire et bon semble-t-il – qui envoie vers la mort des enfants et des adultes sans un clignement de paupière, tourmente Alexandre Jardin et qu’il n’est pas près de se relever de son comin’out. Nous étions un peu gênés devant cet homme désemparé qui quémandait du regard l’approbation de ses voisins de plateau pour son acte de révélation et qui n’avait visiblement pas le temps de dire tout ce qu’il avait sur la patate durant les quelques minutes que lui accordait cette émission en direct. Sur la même chaîne, suivait une émission plus gaie, Un soir avec… et aujourd’hui il s’agissait de Frédéric Dard. Un portrait amoureux et tendre du célèbre écrivain disparu et de son fabuleux héros, le commissaire San-Antonio. Images d’archives 110110 Dard.jpget courtes interviews, tout cela m’a donné envie de relire l’un de ses polars paillards et truculents qui ont enchanté ma jeunesse. Une fois de plus, je constate avec amertume qu’il fut un temps où j’exultais pour un nouveau roman, un nouveau film ou disque, aujourd’hui tout me paraît bien fade et je dois me pousser au cul pour faire semblant de m’enthousiasmer. Le syndrome du « c’était mieux avant », une autre maladie mortelle.

Vendredi, normalement c’est le jour du poisson mais sur France2 c’était celui du poulet avec L’ombre d’un flic un téléfilm de David Delrieux avec Aurélien Recoing. Un polar particulièrement noir où flics et truands sont tous pourris avec un scénario bien à la française, tous se trimballant des problèmes psychologiques de toute sorte. Mise en scène originale, acteurs excellents et lenteur pesante mais faite consciemment, ce téléfilm méritait d’être vu même s’il ne renforce pas l’image de la police.   

110110 Cage aux folles.jpgSamedi, théâtre sur TF1 en direct de la Porte Saint-Martin avec La cage aux folles. Quarante ans après sa création par Jean Poiret et Michel Serrault je retrouve Georges et Albin mais le temps a passé, il me semble qu’ils étaient plus drôles autrefois, j’ai des souvenirs d’éclats de rire alors que ce soir je ne lâche que des sourires. Didier Bourdon et Christian Clavier font leur boulot mais c’est très lourd et si l’on pouvait encore rire en 1973 des personnages outrés de ce couple homo, de nos jours ça ressemble à une mascarade de patronage, comme de plus les acteurs hurlent leur texte, rien n’allège cette bouffonnerie. Encore une soirée nostalgique où le plaisir n’était pas dans le vu de ce soir, mais dans le souvenir du vu passé. 

Dimanche soir j’enregistre Pulp Fiction de Tarantino sur W9 en poire pour la soif un soir de disette télévisuelle et je regarde sur TF1 le film de Lee Tamahori (2007) Next avec Nicolas Cage. J’aime bien l’acteur même s’il a tourné dans pas mal de navets aussi. Ce soir encore il n’est pas dans un chef-d’œuvre et Julianne Moore sa partenaire n’est pas sur la liste de mes actrices préférées loin de là, mais je me laisse prendre à ce film d’action un peu fantastique. Je ne suis pas fier de moi mais je n’ai aucune raison de rougir non plus. 

Une grosse semaine de télé puisque tous les jours, sauf mardi, j’étais collé devant mon poste. Du triste et du souriant, du coloré et du noir, du film et du théâtre, du français et de l’américain, tout cela ressemble fort à un pot-pourri sans que ce soit péjoratif pour autant.