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11/08/2014

La carte postale de vacances

Il est fort probable que vous receviez cette carte après mon retour. Ca s’explique aisément par le fait que je ne suis pas parti longtemps et que je l’ai timbrée chichement, je n’allais pas me lancer dans des dépenses inconsidérées à une époque où chaque sou ne vaut pas toujours un centime et pour le peu de cas qu’en général, les gens portent aux cartes postales. Le plus souvent lues en biais, on n’en retient que le lieu d’expédition et la signature, le reste tombant dans le répétitif commun à toutes ces missives chaque année réitéré.

Il a fait grand beau temps et soleil éclatant. Je ne dis pas cela pour vous faire enrager, juste pour vous faire remarquer l’exceptionnel de la situation, qui d’ailleurs n’a pas duré si longtemps puisque moi aussi j’ai vu passer les nuages noirs et sorti mon parapluie de temps à autre. Mais globalement, je ne suis pas à plaindre, j’ai eu le temps de farnienter dans le salon de jardin, doigts de pieds en éventail et le regard perdu à contempler les formes improbables prises par les nuages blancs apportés par le vent venant de la mer pas si lointaine.

En parlant de vent, le soir il distillait aussi une délicieuse, quoique paradoxale, odeur de purin due à la proximité d’une laiterie et de ses étables. Personnellement, je trouve cela agréable tant que l’intensité reste raisonnable et ponctuelle. Cela donne une réalité concrète à la campagne, une preuve d’authenticité, un peu comme le fumet dégagé par un camembert bien fait laisse espérer qu’il soit goûteux. Ce qui montre bien qu’en vacances, nous ne sommes plus nous-mêmes. A moins que ce ne soit l’inverse ?

J’ai aussi le souvenir d’une énorme glace en coupe avec une montagne de Chantilly, en terrasse d’une brasserie sympathique devant le marché couvert et de passages inopinés devant des boulangeries-pâtisseries à l’heure du goûter. Quand le hasard fait aussi bien les choses plusieurs fois de suite peut-on dire « inopiné », ou bien, à partir de quelle fréquence le terme « inopiné » doit-il être remplacé par « calculé » ? Même durant les vacances, je me prends la tête avec des problèmes de ce genre. Disons que les choses se sont faites, comme je souhaitais qu’elles se fassent dans un monde parfait.

Bien sûr que le monde parfait existe ! Mais il ne dure pas longtemps et son périmètre n’est pas bien large ce qui implique qu’il faille le défendre chèrement. Par contre, je peux confirmer qu’on ne le trouve pas dans le TGV. Entre la climatisation qui ne fonctionnait pas à l’aller et les morpions gueulards et chialeurs au retour, l’étroitesse des sièges incitent au rapetissement et à la prière. Mon Dieu faites que nous ne tombions pas en panne au milieu de rien du tout, parce que des câbles en cuivre auraient été volés récemment ou qu’un connard (un autre) ne jette un vieux vélo du haut du pont sous lequel nous nous engageons ! Certains moqueront le recours à Dieu, ils ont tort, ça ne mange pas de pain – même béni – et ça fait passer le temps quand on voyage.

J’en termine car il ne me reste plus guère de place sur ma carte postale. Je vous embrasse et lève mon verre de vin blanc du pays à votre santé. A bientôt pour la reprise…