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15/09/2011

J’aimerais tant avoir tort

Quand j’étais adolescent, situons l’évènement autour de l’année 1970, j’ai pressenti que je n’arriverais pas au terme de ma vie sans que le monde ne connaisse une grave catastrophe. Que ce soit un conflit nucléaire, les tensions entre l’Est et l’Ouest étaient encore vives, ou bien une catastrophe nucléaire du type Tchernobyl ou Fukushima pour citer des exemples qui s’avérèrent fondés, les risques étaient grands et crédibles.

Convaincu de cette hypothèse j’ai construit ma vie dans cette optique, c’est pourquoi j’ai décidé très jeune de ne jamais me marier et surtout de n’avoir jamais d’enfants, de même que j’ai rejeté tous biens matériels comme l’achat d’une maison par exemple. Seul, avec mon baluchon, il me semble qu’il me serait plus facile de fuir si le sort en décidait ainsi, que si des attaches familiales ou des biens résultant d’une vie de labeur alourdissaient mon fardeau.   

Etrange impression aujourd’hui d’être parvenu à l’extrémité d’un rouleau qu’on imaginait sans bout, étrange sentiment que la boucle est bouclée, étrange sensation d’être aux abords d’un précipice insondable dans lequel nous serons tous engloutis bientôt. L’inquiétude rôde alentour mais le péril est tel qu’on ne peut se résoudre à l’admettre, tant il dépasse notre entendement.

La crise économique et financière, la zone Euro qui vacille chaque jour un peu plus sur ses bases qu’on découvre plus fragiles qu’on ne le pensait ; la gestion de cette crise qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de la catastrophe nucléaire de Fukushima, baratin et incompétence des hommes aux manettes, chaque matin l’écoute des informations à la radio revient à constater que notre avenir se réduit comme peau de chagrin.

Le plus étrange et c’est très symbolique, c’est que la Grèce – a qui on fait porter le chapeau de cette débandade générale, car il faut toujours un bouc émissaire – après avoir été à l’origine de notre civilisation risque d’en être aussi cause de sa destruction.

La dette de la Grèce est colossale, l’Europe déverse des milliards d’euros dans ce tonneau des Danaïdes en sachant très bien qu’ils ne seront jamais remboursés – le pays ne peut déjà pas rembourser ce qu’il doit mais on lui prête avec un taux exorbitant rendant encore plus lourde sa charge. A quoi ça rime ? Ne pourrait-on pas, d’un côté, destiner cet argent à un usage plus constructif et de l’autre, annuler carrément la dette grecque ?

J’imagine que ce n’est certainement pas aussi simple et que ça pourrait déclencher un effet de dominos pour les autres pays aux économies branlantes, mais alimenter sans fin ce gouffre n’est sûrement pas la bonne solution non plus. Economistes de tous bords, politiques de toutes tendances, chacun dit et contredit son interlocuteur, mais tous s’accordent sur un point – crucial hélas – personne ne sait comment nous sortirons de ce merdier. Si nous en sortons. 

Mon baluchon sera vite fait s’il le faut, je pense savoir distinguer l’essentiel du superflu, et comme disait je ne sait plus qui dans ma jeunesse, du moment que j’ai ma bite et mon couteau…