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14/09/2010

Un Japonais dans le Château

A partir du 14 septembre, l'artiste japonais Takashi Murakami présente sculptures et peintures dans les Grands Appartements, la galerie des Glaces et les jardins du château de Versailles. Il succède à Jeff Koons et Xavier Veilhan, qui ont exposé en ces lieux en 2008 et 2009. Son exposition à Versailles a été accueillie par des protestations et des pétitions, comme l'avait été celle de Jeff Koons. Issus de "cercles d'extrême droite intégristes et de cercles très conservateurs", selon Jean-Jacques Aillagon, président de l'établissement public du château de Versailles et initiateur de ces manifestations d'art actuel, deux textes circulent, "Non à la provocation de l'art contemporain qui ne respecte rien" et "Non aux mangas. Contre les expositions dégradantes au château de Versailles".

J’avoue que ce genre d’initiative artistique dans le château de Versailles me laisse perplexe, je ne suis pas « choqué » et je ne pense pas qu’il faille en faire une « affaire », néanmoins nous sommes en droit de nous interroger. En tout cas moi je m’interroge.

Je m’imagine gamin, venu avec mes parents visiter le château, me retrouver après avoir traversé plusieurs salles intimidantes d’un luxe passé, nez à nez avec ces Kinder Surprise géants et colorés. Je suppose que j’en serais heureux, enfin la sortie dominicale un peu ennuyeuse, devenait franchement amusante. Mais quelques années plus tard, quand le professeur d’Histoire abordera Louis XIV, comment mon esprit pourra-t-il dissocier de cette superposition audacieuse, l’Art du XXI siècle de celui des Lumières ?

A vouloir présenter en un seul lieu, les œuvres d’un artiste moderne au milieu de décors historiques, on rejoint une certaine logique de supermarché, où tout est regroupé dans un magasin unique pour « faciliter » la vie du consommateur. Une preuve supplémentaire que l’Art est devenu objet de consommation, ce qui ne devrait étonner personne puisque la définition de l’art que nous donne le Grand Robert est un « ensemble de moyens, de procédés conscients qui tendent à une fin ». Nous voyons les moyens – placer des œuvres peu connues au centre d’un lieu visité par le monde entier – et nous en comprenons la fin – donner du prix et faire monter la cote de l’artiste.

Car en somme, à qui profite le crime ? Aux deux principaux protagonistes, Jean-Jacques Aillagon qui par ce nouveau « coup » fait parler de son château et Takashi Murakami qui bénéficie de cette publicité monstrueuse. L’artiste peu (ou pas) connu du grand public profite de la gloire de notre patrimoine national pour s’assurer un avenir meilleur encore. Et le public dans tout cela, que va-t-il retenir de sa visite où se mêlent torchons et serviettes ? Le réflexe évident serait de comparer le moderne à l’ancien puisqu’on lui aura imposé ce côtoiement anachronique. Est-ce vraiment une si bonne idée ? Est-ce ainsi qu’on doit appréhender des œuvres artistiques ?

Beaucoup de questions, peu de réponses satisfaisantes. Notez quand même que je n’ai pas écrit un seul mot sur l’Art de Takashi Murakami, il y aurait sûrement beaucoup à dire mais ce serait un autre débat.   

 

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