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21/05/2015

Masques de bêtes

Il y a quelques jours, je regardais un documentaire sur ARTE consacré au Grand Canyon du Colorado et sa faune. On y voyait un combat de mouflons mâles à la saison des amours. Les deux bêtes en tête à tête ou mieux, tête contre tête, se fichaient de grands coups de leurs énormes cornes.

C’était magnifiquement filmé. Les gros plans nous faisaient ressentir la puissance des chocs et la situation, la quête d’une femelle, nous laissait deviner la rage exacerbée par le désir quand Satan l’habite ! Pourtant, le plus extraordinaire en regardant ces images ne résidait pas, comme on pourrait le supposer, dans le jeu des muscles sous la peau ou dans la violence des coups échangés.

Non, ce qui frappait le plus, c’était de voir le visage impassible des deux bêtes. Aucune lueur de rage dans leurs yeux, aucun signe de triomphe pour le vainqueur ou de désespoir pour le perdant dans leurs regards. Deux hommes dans la même situation auraient exprimé par des mimiques, grimaces et éclairs furibards dans leurs prunelles, tout ce que ce combat revêtait d’importance pour eux.

Nos deux mouflons eux, se torgnolaient tant et plus mais en conservant un masque neutre, d’une grande dignité et d’une élégance rare. Indifférents à l’adversaire, chacun ne cherchait qu’à éliminer un mâle rival dans la perpétuation de l’espèce, celui-ci ou un autre plus tard, le combat entrait dans le cours de la vie normale de ces animaux. Aucune raison d’en vouloir particulièrement à l’adversaire, chacun étant un adversaire pour l’autre tôt ou tard ; mais cette impassibilité n’en diminuait pas pour autant leur farouche confrontation.