D’où vient ce petit ?

Je l’ai remarqué depuis quelques temps mais je n’arrive pas à m’en défaire, un tic d’écriture qui me colle à la plume comme le sparadrap du capitaine Haddock. Dans la majorité de mes billets, il y a toujours à un moment ou à un autre, le terme « petit » qui apparaît. Avec moi, à l’écrit en tout cas, tout est souvent petit.

J’en entends qui ricanent car il y a belle lurette qu’ils ont placé ce blog dans la catégorie des petits joueurs, ceux qui n’écrivent que de petits billets sur de petits sujets sans importance. Ce n’est pas faux mais c’est aussi intentionnel. Ce que je veux faire remarquer aujourd’hui, ce serait plutôt l’emploi immodéré de l’adjectif réducteur. Pourquoi ce « petit » vient-il se glisser régulièrement dans mes propos ?

Je ne suis pas grand, c’est vrai, mais dire que je suis petit me semble aller vite en besogne car ce serait traiter de nains une foule de gens que je croise dans les rues. Disons que je suis un grand petit et que les années aidant ça ne s’arrange pas, les générations qui arrivent sont de plus en plus grandes et moi j’ai tendance à me tasser, résultat l’écart se creuse et effectivement il y a de fortes chances pour que je finisse petit. Serait-ce cette inquiétude inconsciente qui transparaîtrait dans mes billets ?

A moins que je ne développe un complexe d’infériorité. Des textes écrits avec des mots simples, abordant des sujets sans envergure avec un seul objectif, y placer une dose d’humour. Utiliser le qualificatif de « petit » permet de modérer une idée, calmer un emportement, réduire une vue d’ensemble, bref ramener au ras des pâquerettes un texte qui pourrait prendre une ampleur supérieure à mes capacités à le dérouler.

Autre hypothèse, ce « petit » n’est tout simplement que la preuve flagrante de mon manque de vocabulaire. Même Larousse est petit. Je récuse cette idée car nous ne sommes pas à l’oral mais à l’écrit, à mes côtés j’ai une pile de dictionnaires de toutes époques, il suffirait que j’ouvre n’importe lequel d’entre eux pour trouver un synonyme compensant ce manque envisagé. Dans le Grand ( !) Robert, « petit » occupe huit colonnes. Eventuellement, on pourrait dire que je suis feignant, n’ayant pas même la force d’ouvrir l’un de ces outils de référence. Soit.

Mais moi je vois dans ces « petits » qui foisonnent dans mes écrits, la trace de la modestie qui cache mes nombreuses qualités car, comme disait l’autre,  « Il y a des modesties artificieuses et étudiées qui couvrent un orgueil secret ».