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29/01/2008

La curée

La journée était belle, ensoleillée et douce, juste comme Joe les aimait. En vacances pour quelques jours dans la région, il en profita pour se balader dans les bois et les champs environnants. Les collines du Kent étaient splendides en cet automne tardif. Joe avait emporté son sac à dos et averti ses hôtes qu’il s’absenterait pour la journée. La maîtresse de maison trouvant l’Américain charmant lui avait préparé un petit encas à emporter et son mari lui avait concocté une randonnée pittoresque sur une vieille carte de l’armée. Joe marchait depuis trois heures quand les aboiements se firent entendre. Les chiens étaient nombreux en Angleterre, Joe ne s’inquiéta pas. Le paysage vallonné offrait un panorama splendide et les couleurs automnales apportaient une touche de mélancolie. Le chemin grimpait et redescendait à flanc de collines, longeant parfois une mare à grenouilles ou un étang poissonneux. Les chiens se rapprochaient, ou semblaient s’éloigner. Le décor rappelait à Joe certains tableaux de Gainsborough qu’il avait pu admirer à la National Tate Gallery de Londres. Les couleurs chaudes des sous-bois, le charme désuet et le calme qui en émanait, tout rappelait les œuvres du maître anglais. Joe s’arrêta un moment pour déjeuner et profiter de la sérénité de l’endroit. Les aboiements s’amplifièrent gonflés d’un bruit de cavalcade. L’Américain chercha des yeux la troupe qui s’avançait. Certainement une chasse au renard pensa-t-il. Cette coutume ancestrale l’agaçait par son côté barbare, mais la curiosité le piquait au vif. Il s’impatienta de ne pas encore apercevoir la meute. A la sortie d’un petit bois de chênes, Joe se trouva face à une immense plaine verte et souriante. Il s’y engagea d’un bon pas. Au loin, déployés, les rabatteurs venaient à sa rencontre. Joe leur fit des signes qui ne les troublèrent point. Il tenta de s’écarter de leur champ d’action mais ils semblaient  le prendre pour mire maintenant. Derrière lui, la meute d’une cinquantaine de chiens rugissait. Les bêtes sentaient l’hallali et s’énervaient de plus belle, talonnées par les chasseurs à cheval, leur pique bien en main et calée sous l’aisselle.   Quand Joe réalisa, il était trop tard, les premiers chiens étaient sur lui. Décidément, Joe n’aimait vraiment pas la chasse.